L'œil de Salhia - une jeune Roubaisienne évoque avec Macron son amie partie en Syrie

Lundi et mardi, Emmanuel Macron était en déplacement dans le Nord pour aborder le chapitre de sa politique de la ville. A Roubaix, il a notamment rencontré les jeunes membres de l'association "Les Hauts-Parleurs". Durant cette entrevue, une scène a attiré l'œil de notre journaliste Salhia Brakhlia qui lui a consacré sa chronique ce jeudi soir. Une jeune femme, Lina, 23 ans, avait interpellé le président de la République à cette occasion:
"J’avais envie de vous parler d’une de mes amies qui est une amie roubaisienne qui est partie en Syrie. Je voulais savoir comment, monsieur le président, vous allez juger ces gens qui sont partis et ont été pris par des milices kurdes. Est-ce qu’ils vont avoir droit à une justice française? Est-ce qu’on va pouvoir les entendre?"
La réponse d'Emmanuel Macron
S'agissant de savoir si cette femme partie en Syrie est actuellement prisonnière des troupes kurdes, rien n'est établi. Ce qui est sûr, en revanche, c'est qu'elle s'est mariée en Syrie et a eu deux enfants. Le président de la République avait alors répondu à son interlocutrice: "Je vous regarde dans les yeux, c’est votre amie. Mais j’ai aussi regardé dans les yeux ce matin les parents, les frères et sœurs de ceux qui sont morts le 13 novembre. Et ils ont été tués par des gens qui à Raqqa fomentaient un attentat, qui se sont battus peut-être avec la jeune fille qui est partie."
Rappelant qu'il avait la responsabilité des armées françaises, le chef de l'Etat a affiché sa fermeté. Emmanuel Macron a ensuite posé: "Tous ceux qui reviennent de ces théâtres d’opération sont immédiatement jugés et emprisonnés parce qu’ils se sont battus avec l’ennemi et ont parfois été complices de crimes extrêmement graves."
"Ce sont des enfants de la République"
Salhia Brakhlia a retrouvé cette jeune fille préoccupée par le sort de son amie et est allée à sa rencontre quelques jours plus tard, pour lui demander son sentiment sur la réaction du chef de l'Etat. "Sur le coup, il m’a répondu vaguement. Mais ce qui m’a plu, c’est que le lendemain, il est revenu sur notre intervention et il a clairement dit que si ces jeunes partaient en Syrie c’est que la France avait une part de responsabilité", a-t-elle débuté. Elle a alors expliqué:
"Et ça compte pour nous parce que ce sont des enfants de la République, ce sont des Français. Et s’ils sont partis là-bas, c’est forcément que la France a une part de responsabilité et si le président lui-même l’admet, ça fait du bien de l’entendre."
Entendre pour éviter que l'histoire se répète
Elle a en outre évoqué l'état d'esprit qui avait conduit son amie à quitter la France pour rejoindre la Syrie: "Elle dit qu’elle ne se sentait plus à l’aise en France et qu’elle ne pouvait pas pratiquer sa religion comme elle le voulait." La reporter a toutefois fait remarquer à Lina que bien qu'originaire du même quartier de Roubaix elle n'avait pas, elle, rallié le jihad international: "On ne réagit pas de la même manière aux mêmes choses. Je vais peut-être réagir d’une autre manière au racisme, à la discrimination, aux inégalités", a observé Lina.