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INFO BFMTV. Emplois fictifs de Penelope Fillon: François Fillon propose comment "rendre l'argent"

Pénélope et François Fillon, le 10 mars 2020 au tribunal à Paris.

Pénélope et François Fillon, le 10 mars 2020 au tribunal à Paris. - THOMAS SAMSON / AFP

L’ancien Premier ministre a proposé récemment à l’Assemblée nationale de lui verser près de 700.000 euros sur les 10 prochaines années. Un moyen de se présenter sous son meilleur jour avant son ultime procès prévu le 25 novembre…

Sept ans après l'éclatement de l'affaire qui lui a, selon lui, coûté l'accession à l'Élysée, François Fillon a prévu de "rendre l’argent" - comme le disait la célèbre expression utilisée par ses détracteurs au moment de l’affaire - indûment perçu grâce aux emplois d’assistante parlementaire fictifs occupés par son épouse, Penelope, à l’Assemblée nationale.

Selon nos informations, l’ancien Premier ministre a fait parvenir, il y a une dizaine de jours, un protocole d’accord prévoyant le versement de 689.989,32 euros au palais Bourbon, échelonnés sur les dix prochaines années.

Ce montant si précis ne doit évidemment rien au hasard. Il correspond aux dommages-intérêts que l’ancien Premier ministre a été "solidairement" condamné à verser à l’Assemblée nationale avec son épouse Penelope et son ancien suppléant Marc Joulaud par la cour d’appel de Paris le 9 mai 2022: 679.989,32 euros auxquels il convient d’ajouter 10.000 euros de frais de justice.

Le moment de cette proposition, non plus, ne doit rien au hasard. Le 24 avril dernier, la Cour de cassation a définitivement confirmé la culpabilité de l’ex-prétendant de la droite à l’Élysée pour "détournement de fonds publics". Mais, elle a aussi estimé que la peine qui lui avait été infligée –quatre ans de prison dont un an ferme aménagé sous bracelet électronique– n’avait pas été suffisamment motivée par la cour d’appel en 2022.

"Résultat: il va y avoir un nouveau procès le 25 novembre. Uniquement pour redéfinir la peine de François Fillon", indique une source proche du dossier. "Et pour éviter une sanction trop lourde, Fillon veut s’y présenter sous son meilleur jour. En montrant qu’il a compris les faits et qu’il a enfin prévu de rendre l’argent... "

"François Fillon n’est pas un narcotrafiquant tout de même!"

En réalité, l’ancien candidat à la présidentielle n’a pas attendu le dernier moment pour faire ses comptes. Selon les informations de BFMTV, des discussions à ce sujet sont en cours depuis plusieurs mois. Avant l’été, un accord avait même été conclu avec la Questure, chargée de ces négociations au sein de l’Assemblée.

"Le problème, c’est que le questeur qui a géré ça n’était autre… qu’Éric Ciotti", confirme un proche de François Fillon. "Après, il y a eu la dissolution… Et Éric Ciotti a pris un chemin différent. Impossible de savoir si le deal était toujours valable ou pas..."

"Oui, un accord avait été prévu avant la dissolution", confirme aujourd’hui une source parlementaire haut placée. "Il prévoyait déjà un versement d’environ 600.000 euros sur 10 ou 15 ans. La question d’appliquer un taux d’intérêt à François Fillon s’est posée. Mais finalement, il avait été décidé de se satisfaire du seul montant des dommages-intérêts." Ce que confirme un proche du dossier: "Il fallait conserver des égards pour François Fillon. Ce n’est pas un narcotrafiquant tout de même! Le but, c’est d’aboutir à un accord."

À condition de lever le dernier obstacle sur la route. Et non des moindres. L’Assemblée nationale souhaite, en effet, que François Fillon présente des garanties à son remboursement. "Il est jeune (70 ans) et en bonne santé", poursuit l’une de nos sources. "Mais qui nous dit qu’il le sera toujours dans 10 ans? Qui nous dit qu’il sera toujours en état de ‘rendre l’argent’?" Une question qui se heurte au fait qu’on ne peut pas garantir une créance judiciaire comme on peut le faire d’un prêt immobilier. "La seule solution serait que l’Assemblée nationale prenne une hypothèque sur le manoir des Fillon dans la Sarthe", poursuit l’une de nos sources. "Mais elle n’osera jamais le faire…"

Qui sait? Les négociations doivent se poursuivre à l’approche du procès du 25 novembre. Comme le résume de façon imagée l’un des négociateurs en première ligne: "Pour être présentable le jour du bal, il faut toujours penser à apporter son costume au pressing avant…"

Vincent Vantighem