BFMTV
Police-Justice

Influenceur "Doualemn": ses avocats dénoncent une expulsion vers l'Algérie "très contestable"

placeholder video
L'influenceur Doualemnn a été interpellé à Montpellier ce samedi 4 janvier après avoir appelé à des actes violents sur Tiktok. Ses avocats dénoncent "une action administrative particulièrement répressive".

Une expulsion "prise en urgence" et "très contestable". Les avocats de l’influenceur "Doualemn" ont tenu une conférence de presse ce jeudi 10 janvier au lendemain du refus de l’expulsion de l’influenceur de 59 ans par l’Algérie.

Le dimanche 5 janvier, l’influenceur est interpellé après l’ouverture d’une enquête pour provocation publique et directe, non suivie d’effet, à commettre un crime ou un délit. Elle fait suite à des signalements du préfet de l’Hérault et du maire de Montpellier au sujet d’une vidéo publiée par l’influenceur algérien sur sa chaîne Tiktok. Une chaîne suivie par 168.000 personnes.

"Une forme d'urgence inédite"

Dans cette vidéo, selon l'arrêté d'expulsion que BFMTV a pu consulter, "Doualemn" appelle ses concitoyens algériens à la violence contre un opposant politique au régime algérien, et de manière générale, contre tout autre opposant au régime, les enjoignant à leur donner "une sévère correction". Dans cette même séquence, il cautionne et légitime les actes de torture qui seraient commis par les policiers algériens envers ces opposants.

En garde à vue, le père de famille reconnaît la matérialité des faits, selon le parquet de Montpellier, indiquant qu’il était sous l’influence d’un traitement de substitution aux stupéfiants. L’influenceur reçoit alors une convocation pour être jugé pour ces faits le lundi 24 février prochain.

"Mais contre toute attente, avec une forme d’urgence inédite, le ministère de l’Intérieur a pris un arrêté d'expulsion, de retrait de son titre de séjour", poursuit l’avocat. "Doualemn" est conduit au centre de rétention.

Ce jeudi 9 janvier, il embarque, en possession d’un passeport biométrique algérien à jour, ce qui exclut le besoin d’un laissez-passer consulaire, dans un avion pour l’Algérie avec une escorte policière.

Arrivés sur place, les deux policiers et l'influenceur se voient opposer une fin de non-recevoir par les autorités algériennes. Selon les informations de BFMTV, l'Algérie a indiqué que l'influenceur était interdit de territoire. "Doualemn" est ramené en France et conduit au centre de rétention du Mesnil-Amelot, où il se trouve actuellement.

Une "action administrative particulièrement répressive"

"Il fait les frais d’une action administrative, particulièrement répressive", martèle Me Jean-Baptiste Mousset, l’un des avocats de l’influenceur. "Il n’avait aucune intention de pouvoir exercer lui-même ou faire exercer des violences sur un tiers."

Des mots de son avocat, "Doualemn" attendait de comparaître en février prochain devant le tribunal judiciaire de Montpellier, une audience qui se tiendra s'il se trouve encore sur le territoire français. Concernant les propos qui lui sont reprochés, "il a été écarté totalement par l’enquête judiciaire, faite avec sévérité mais avec efficacité, tout appel au meurtre, toute intention de tuer ou encore un quelconque comportement antisémite", annonce l’avocat.

"Tout cela a été écarté de la procédure par le biais d’un certain nombre de traductions réalisées sous le contrôle d’une procureure de la République par des interprètes assermentés."

Ainsi, au vu des éléments, l’avocat affirme que "la publication incriminée a été détournée de son sens initial par le biais de certaines personnes qui se sont immiscées dans des traductions plus ou moins officielles".

Il en veut pour preuve que le procureur de la République "n’a sollicité aucun placement sous contrôle judiciaire, et, c’est assez exceptionnel, n’a sollicité aucune demande auprès du juge des libertés et de la détention en vue de son incarcération en détention provisoire" jusqu’à la tenue de son procès devant le tribunal judiciaire en février prochain.

Me Émilie Brun assure de son côté que l’influenceur "regrette ses propos", précisant que son client n’a "plus commis aucune infraction sur le territoire français" depuis une quinzaine d’années.

L'influenceur, agent d'entretien de profession, "était en règle maintenant depuis une quinzaine d'année car titulaire d'un titre de séjour 'vie privée et familiale'", rapporte l'avocate.

"Nous ne souhaitons pas que les résidents algériens en France deviennent les fusibles des relations diplomatiques entre l’Algérie et la France", déclarent les deux avocats de l'influenceur.

Charlotte Lesage