"Ils sont morts, j'en suis responsable": les repentances de Joël Le Scouarnec lors de son dernier interrogatoire

L'ancien chirurgien Joël Le Scouarnec, jugé depuis le mois de février dernier pour viols et agressions sexuelles sur 299 personnes a reconnu sa responsabilité, ce mardi 20 mai, dans la mort de deux victimes durant l'instruction.

L'ex-chirurgien Joël Le Scouarnec, jugé à Vannes (Morbihan) pour des viols et agressions sur 299 personnes, a estimé ce mardi 20 mai qu'il était "responsable" de la mort de deux de ses victimes pendant l'instruction.

"Vous est-il arrivé de penser parfois à certaines des victimes?", demande à l'accusé la présidente de la cour criminelle du Morbihan. Il répond "oui", expliquant que "certaines personnes (l)'ont particulièrement bouleversé. J'ai souvenir d'une personne fragile, petite. J'ai le souvenir de personnes effondrées par leur douleur."

"Ils ne sont plus là à cause de moi"

Et de poursuivre en évoquant le souvenir des deux jeunes hommes dont les photos ont été projetées à l'audience.

"(Ils) sont morts, j'en suis responsable", lâche-t-il, la voix tremblante. Ils ne sont plus là à cause de moi", ajoute-t-il ensuite.

Il s'agit de Mathis Vinet, mort d'une overdose en 2021 et dont les proches estiment qu'il s'est suicidé, et d'un autre homme, retrouvé pendu à son domicile en 2020.

"Pourquoi me pardonneraient-ils?"

Depuis le début du procès le 24 février, l'accusé a pourtant souvent montré à la cour un visage impassible et fait des déclarations succinctes et répétitives, d'un débit posé. Le 20 mars, il a reconnu en bloc l'ensemble des faits pour lesquels il est jugé à Vannes, et même d'autres, prescrits ou qui font l'objet d'une nouvelle procédure, comme des violences sexuelles sur sa petite-fille, révélées en pleine audience.

Mais l'ex-chirurgien pédocriminel, qui purge déjà une peine de 15 ans de réclusion pour des viols sur mineurs après une condamnation à Saintes (Charente-Maritime) en 2020, assure n'avoir aucun souvenir précis des faits ou des victimes. Il assure toutefois avoir "pris la mesure" de ses actes et "de la souffrance des victimes".

"Si je commettais ces actes, notamment sur des enfants, c'est que je voyais ces actes non pas sur des personnes, mais comme des accomplissements de mes fantasmes", poursuit Joël Le Scouarnec. "Je ne me suis pas pardonné moi-même d'avoir effectué ces gestes. Pourquoi, eux, me pardonneraient-ils d'avoir souillé leurs corps?"

Son ex-femme "ne le savait pas"

Interrogé sur la possibilité pour son ex-épouse Marie-France d'avoir été tenue informée des agissements de l'ex-médecin, l'accusé a répondu par la négative mais présente des contradictions.

"Ce n'est pas une protection, elle ne le savait pas. Tout ce que j'ai pu commettre, elle n'en avait aucune idée, comme personne", déclare Joël Le Scouarnec.

"C'est un secret pour personne, vous l'aviez écrit dans vos journaux. Vous avez reconnu les faits. Pourquoi ne pas dire qu'elle savait ?", continue la présidente de la cour.

Procès Le Scouarnec: les confessions d’un pédocriminel

15:51

"Je n'ai jamais dit et affirmé qu'elle ne savait pas, puisqu'un jour elle m'a dit: "Tu as un drôle de regard sur les enfants (...) Effectivement, elle a été au courant de l'agression que j'avais commise sur ma nièce. Pour autant, comme mon ex-épouse sait aujourd'hui la gravité des choses que j'ai pues faire, elle n'a pas oublié qui était le père de ses enfants et comment je l'ai aimée", conclut-il.

Joël Le Scouarnec encourt à Vannes 20 ans de réclusion. Le verdict est attendu le 28 mai.

Maxime Cliet Ruzza et Camille Dubuffet