BFMTV
Police-Justice

Double meurtre de Montigny-lès-Metz: Francis Heaulme de retour devant la justice

Francis Heaulme lors de son premier procès pour le double meurtre de Montigny-lès-Metz en mars 2014.

Francis Heaulme lors de son premier procès pour le double meurtre de Montigny-lès-Metz en mars 2014. - Benoit Peyrucq - AFP

31 ans après la mort d'Alexandre Beckrich et de Cyril Beining, deux enfants de huit ans, Francis Heaulme comparaît devant la cour d'assises de Moselle. Pour la troisième fois, la justice va se pencher sur cette affaire judiciaire hors normes.

Le "routard du crime" une nouvelle fois face à la justice. 31 ans après les faits, la cour d'assises de Moselle rouvre le dossier du double meurtre de Montigny-lès-Metz. Cette fois-ci, elle va juger Francis Heaulme pour la mort d'Alexandre Beckrich et de Cyril Beining en 1986 au cours d'un procès fleuve qui va durer quatre semaines, avec l'audition de 100 témoins, et la présence d'autant de journalistes.

"Découragées, un peu désabusées", selon les mots de Me Thierry Moser, avocat d'une partie de la famille Beckrich, elles "ont l'espoir d'arriver enfin à la vérité, mais avec une dose de scepticisme".

Pour les parents des deux victimes, il s'agira du troisième procès. Celui de la vérité peut-être. En septembre 1986, les corps de leurs petits garçons, alors âgés de huit ans, sont découverts le long d'une voie de chemin de fer, au pied d'un talus à Montigny-lès-Metz. Les victimes ont eu le crâne fracassés à coup de pierre. Rapidement, l'enquête avance. A base de témoignage, Patrick Dils est incriminé.

Une description des lieux du crime

Le jeune homme a alors 16 ans. En avril 1987, il va reconnaître les faits. A l'époque, un autre homme, Henri Leclaire, avoue lui-aussi les meurtres. Mais Dils, qui s'était alors rétracté et qui clamait son innocence, sera condamné, à tort, en 1989 à la réclusion criminelle à perpétuité. Il va effectuer 15 ans de prison pour rien. Les soupçons vont alors s'orienter vers Francis Heaulme, déjà condamné pour neuf meurtres, dont la présence dans la région est attestée.

Le nom du "routard du crime" est cité pour la première fois dans ce dossier autour des années 2000. Les parents de Patrick Dils découvrent que Heaulme était employé, à l'époque des meurtres, sur un chantier à proximité du lieu où ont été découverts les corps des deux enfants. L'avocate des familles va envoyer un courrier à Jean-François Abgrall, le gendarme qui a centralisé les affaires concernant le tueur en série. "Elle nous demande s’il ne pourrait pas avoir un lien", explique le gendarme à LCI.

Le tueur s'était alors déjà confié à Jean-François Abgrall: "Je passais dans l’Est de la France, à droite y a un talus, en haut du talus une voie de chemin de fer, au bout, il y a un pont avec des poubelles, un stop, avait raconté Francis Heaulme. A gauche, la rue remonte, moi, je passe à vélo, je reçois des cailloux de deux gamins qui sont sur la voie de chemin de fer, je pars à gauche puis je reviens dans l’idée de les corriger mais j’arrive et ils sont morts. C’est pas moi."

L'enquête est alors relancée. Entre temps, Patrick Dils est toutefois condamné à 25 ans de réclusion criminelle en 2001 avant d'être entièrement acquitté un an plus tard. Lors de ce procès, dans lequel Francis Heaulme est cité comme témoin, deux hommes rapportent avoir pris en charge ce dernier le 28 septembre 1986 - jour du meurtre des deux garçons. Selon leur témoignage, Heaulme avait du sang sur le visage. En 2007, le juge d'instruction en charge du dossier va, faute d'éléments suffisants, ordonner un non-lieu. La mère de Cyril Beining fera appel.

Les nouvelles investigations vont conduire à un nouveau procès. Celui-ci va s'ouvrir en mars 2014 devant la cour d'assises de Moselle. L'audience va durer quelques heures. Deux témoignages mettent, en effet, en cause Henri Leclaire. Le procès est ajourné, le nouveau suspect est mis en examen et renvoyé devant les assises. Il fait appel et en juillet dernier bénéficie d'un non-lieu. Non-lieu validé par la cour de cassation en janvier dernier. Francis Heaulme comparaîtra alors seul. Une interrogation subsiste: son avocate livrait en décembre dernier, des éléments sur son état de santé. Le "routard du crime" serait au plus mal.

Justine Chevalier