Comment mieux armer les enquêteurs pour chasser les serial killers

Une double mise en examen dans une affaire d'enlèvement et dans une autre d'assassinat, des services d'enquête qui réexaminent des dossiers de disparitions inquiétantes. L'affaire Maëlys fait réfléchir les enquêteurs et la justice sur la manière de traquer les potentiels tueurs en série qui pourraient sévir en France. Pour cela, le procureur de Grenoble, en première ligne dans les deux affaires qui concernent Nordahl Lelandais, propose la création de deux fichiers pour recenser les potentielles victimes.
Jean-Yves Coquillat imagine alors la création d'un fichier national des personnes disparues et un autre pour répertorier les personnes décédées de de morts violentes. Pour le premier, il s'agirait d'avoir "la génétique des victimes, celle de leurs proches", détaille le procureur. "Cela permettrait de voir si on a un tueur en série, quels faits on peut rapprocher ou essayer de rapprocher", assure encore le magistrat qui propose également l'allongement de la durée de la détention provisoire pour les individus suspectés de crimes multiples.
Car, "la difficulté dans ces affaires, c’est que les victimes et les serial killers ne se connaissent pas", rappelle Jean-Yves Coquillat.
Développer l'approche psychologique
Actuellement en France, il n'existe qu'un fichier des personnes recherchées, le FPR, pour les individus qui font l'objet d'un mandat de recherche, d'un contrôle judiciaire, pour ceux qui constituent une menace pour l'ordre public ou encore, pour ceux qui sont recherchés dans le cadre d'une enquête de police judiciaire. Aucun fichier n'existe donc pour les personnes portées disparues, avec un gros point noir pour les majeurs. Avec ces nouveaux fichiers, il serait possible de faire des rapprochements entre les victimes ou les modes opératoires utilisés par les tueurs.
A la lumière de l'affaire Maëlys et du caporal Noyer, la justice propose d'aller encore plus loin alors que la police et la gendarmerie sont déjà dotés de logiciels comme AnaCrim, utilisé dans l'affaire du petit Grégory, pour recouper des informations dans une enquête. "L'utilisation d'un outil qu'on appelle Salvac qui, au profit de la gendarmerie et de la police nationale, permet de faire des liens entre les affaires, ajoute Richard Marlet, ancien commissaire et patron de l'identité judiciaire. Il permet l'exploitation de grosses bases de données, comme le Fichier national automatisé des empreintes génétiques".
Pour les enquêteurs, un travail important est également à fournir dans un autre secteur de l'enquête: l'approche psychologique des auteurs de crime. "Il faudrait que l'on puisse interroger systématiquement nos propres tueurs en série français condamnés dans les prisons et ça nous permettrait d'avoir une meilleure idée et par là-même aux enquêteurs d'acquérir une meilleure connaissance de leur ressort psychologique", propose Stéphane Bourgoin, spécialiste des tueurs en série. Une initiative à la base du profilage criminel comme l'avait définit le FBI.