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Police-Justice

Attentats de Paris: les zones d'ombre de l'enquête

François Molins, procureur de Paris, fait le point sur l'enquête après les attentats du 13 novembre

François Molins, procureur de Paris, fait le point sur l'enquête après les attentats du 13 novembre - Loïc Venance - AFP

De nombreuses inconnues jalonnent encore l'enquête, près de deux semaines après les attentats de Paris, dont tous les protagonistes n'ont pas encore été identifiés.

Le kamizaze qui a trouvé la mort à Saint-Denis faisait-il partie du commando des terrasses? Qui est le nouvel homme recherché: Mohamed Abrini? Pourquoi Abdelhamid Abaaoud a-t-il été repéré sur les lieux du crime après la tuerie? Si l'enquête progresse rapidement, les zones d'ombres sont encore très nombreuses.

Que sait-on du corps retrouvé à Saint-Denis?

Trois personnes ont trouvé la mort lors de l'assaut du RAID à Saint-Denis: Abdelhamid Abaaoud, l'organisateur présumé des attentats, Hasna Aïtboulahcen, sa cousine, et un autre homme qui s'est vraisemblablement fait exploser avec une ceinture d'explosifs. Ce dernier n'apparaît pas pour le moment dans les fichiers de la police française, ce qui laisse penser qu'il est étranger ou inconnu des services de police.

Une question se pose: est-il aussi l'inconnu du commando qui a commis les fusillades des terrasses parisiennes? Deux des trois jihadistes qui ont commis ces tueries sont connus: Brahim Abdeslam et Abdelhamid Abaaoud. Par ailleurs, l'ADN retrouvé sur le corps non identifié de Saint-Denis était également présent sur une arme saisie dans la Seat qui a servi à mitrailler les terrasses.

D'autres auteurs des attaques n'ont toujours pas été identifiés: deux des trois hommes qui se sont fait exploser au stade de France, ainsi qu'un des trois kamikazes du Bataclan.

  • Pourquoi Abaaoud est-il revenu sur les scènes de crime?

Comme l'a précisé mardi le procureur de la République, la géolocalisation du téléphone d'Abdelhamid Abaaoud le signale sur les lieux des tueries, notamment au Bataclan, quelques dizaines de minutes après les attaques. Il se serait notamment rendu à proximité du Bataclan alors que les policiers de la Brigade de recherche et d'Intervention étaient toujours sur place. Aucune piste n'a encore été évoquée pour expliquer son attitude. La garde des Sceaux Christiane Taubira a estimé mercredi que ce geste témoignait du "cynisme de personnes qui se sont placées hors humanité".

Qui est le deuxième homme recherché?

Jusqu'à présent, l'attention était fixée sur Salah Abdeslam, présenté comme "l'homme le plus recherché d'Europe". Mais un autre suspect qui semble lié aux attaques serait aussi en vie et est désormais recherché: Mohamed Abrini.

Il a été filmé en compagnie de Salah Abdeslam deux jours avant les attaques, au volant de la Clio qui a servi aux attaques du Stade de France. Son implication réelle dans les attentats est encore inconnue mais il est présenté comme un homme dangereux et potentiellement armé. Comme les frères Abdeslam, il est originaire de Molenbeek.

Que savait le logeur de Saint-Denis?

Le logeur des terroristes ne pouvait pas ignorer les intentions de ceux qu'il a abrités et a été mis en examen. Jawad Bendaoud a été incarcéré après avoir été inculpé pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste".

"On m'a demandé de rendre service, j'ai rendu service", avait expliqué le jeune homme avant d'être interpellé.

Mais pour la justice, il a fourni "en connaissance de cause" une planque au jihadiste Abdelhamid Abaaoud. Selon le procureur de Paris, François Molins, il a "lui-même (...) accueilli les terroristes" dans un logement qui ne lui appartenait pas, contre rémunération. Il "ne pouvait douter (...) qu'il prenait part en connaissance de cause à une organisation terroriste", a ajouté le procureur. Autre élément accablant: il apparaît "en lien avant et après les attentats avec une ligne téléphonique belge, elle-même en contact avec une ligne utilisée par les terroristes".

D'autres attaques étaient-elles prévues?

L'homme inconnu mort à Saint-Denis est vraisemblablement le complice d'Abdelhamid Abaaoud. Il est probable qu'il devait attaquer un commissariat à la Défense pendant qu'Abaaoud aurait dû s'en prendre à un centre commercial dans le même quartier, le 18 ou le 19 novembre.

Une autre attaque avait peut-être été organisée. Un gilet explosif a été découvert lundi à Montrouge. Il "est exactement de la même fabrication" que ceux utilisés par les kamikazes des attentats du 13 novembre. Le portable de Salah Abdeslam, l'un des jihadistes, toujours en fuite, a été enregistré par une borne "non loin de là".

Le magistrat a précisé que six magistrats antiterroristes ont été saisis de l'enquête sur les attentats et que 5.339 procès-verbaux avaient été dressés en 11 jours d'enquête de flagrance sous l'égide du parquet. Plusieurs interpellations ont aussi eu lieu en Belgique, en lien avec les attaques de Paris.

A. D.