Alexandre Benalla se serait fait passer pour le chauffeur de Bernard Cazeneuve devant des policiers

Image d'illustration - Alexandre Benalla au Palais de justice de Paris le 19 février 2019 - Geoffroy Van Der Hasselt - AFP
L'affaire a resurgi au début de l'année lors d'une audition chez les juges d'instruction. Alexandre Benalla, mis en examen pour violences volontaires en réunion et immixtion dans l'exercice d'une fonction publique pour les faits survenus le 1er mai 2018, a dû s'expliquer sur une histoire qui remonte à 2016. A cette époque, l'ancien conseiller à l'Elysée a tenté de se faire passer pour un fonctionnaire de police devant plusieurs gardiens de la paix, révèle Le Monde.
La scène se déroule le 21 septembre 2016 au domicile d'Alexandre Benalla à Issy-les-Moulineaux, à cinq heures du matin. Dans les mains courantes, que Le Monde a pu consulter, les policiers écrivent avoir été appelés "pour une jeune femme qui serait séquestrée à domicile, que son conjoint serait violent et qu’il la maintiendrait de force à domicile".
Une fausse carte de police
Une fois sur place, les agents tapent à la porte pendant plusieurs minutes avant que l'homme alors âgé de 25 ans finisse par ouvrir. A cette date, il n'est pas encore en charge de la sécurité au sein du mouvement En Marche qui a été créé par Emmanuel Macron. Selon les policiers, il "manifeste un énervement palpable", a un ton "belliqueux" et un "comportement agressif".
Pour leur barrer l'accès, Alexandre Benalla cite plusieurs articles du code de procédure pénale qu'il "ne semble pas maîtriser". Il prétend également être lui-même "un fonctionnaire de police" et présente "une carte professionnelle comportant une ligne tricolore bleu-blanc-rouge". Pas de quoi convaincre les policiers présents qui constatent qu'il ne s'agit pas d'une vraie carte de police.
Alexandre Benalla change alors de version. Il dit être un ancien policier et le chauffeur de Bernard Cazeneuve, alors ministre de l'Intérieur. Cette dernière affirmation a été démentie auprès du Monde par l'entourage de l'ex-ministre. "C'est vraiment un margoulin", a commenté un proche.
Des policiers rappelés le lendemain
Celui qui n'est pas encore un proche du couple Macron menace par ailleurs les policiers de les faire renvoyer. Il assure qu'il va appeler le directeur de cabinet du Premier ministre de l'époque, Manuel Valls. Sans jamais passer à l'acte.
Les policiers rentrent finalement dans l'appartement pour s'assurer que personne n'est séquestré. La femme présente au domicile d'Alexandre Benalla assure qu'il s'agit d'un "différend de couple". Sans rien à signaler, les policiers finissent par repartir.
Mais le lendemain, toujours selon Le Monde, les policiers d'Issy-les-Moulineaux sont rappelés pour de nouveaux cris entendus au domicile d'Alexandre Benalla. Une nouvelle équipe se rend sur place. Dans le hall de l'immeuble, il croise une femme avec une valise. Puis dans l'appartement, ils découvrent des "débris (qui) jonchent le sol de manière désordonnée, nous laissant penser qu'une dispute a eu lieu". Alexandre Benalla affirme cependant vivre seul.
Une audition tendue
Les policiers repartent à nouveau sans rien à signaler. Néanmoins, la première équipe de gardiens de la paix venue la veille demande dans son rapport une convocation d'Alexandre Benalla au commissariat "afin qu'il s'explique sur son comportement". Mais l'enquête n'est jamais allée plus loin.
Trois ans plus tard, interrogé sur cet épisode découvert lors d'une enquête de moralité, Alexandre Benalla a affirmé devant les juges d'instruction "ne pas voir le rapport avec le 1er-Mai".
"Le seul constat que je fais, c’est qu’il n’y a pas eu de poursuites judiciaires. Les faits relatés ne sont pas établis. Je n’ai jamais été entendu sur ces faits-là", a-t-il affirmé, avant de s'emporter vivement selon le procès-verbal de l'audition.
"Mentionnons que nous effectuons une suspension à 14h57, car M. Benalla ne cesse de nous couper la parole et qu’il est impossible de retranscrire ses propos", écrivent les magistrats.