Affaire Fiona: un nouveau procès en appel sous tension
A l'automne, une première audience d'appel avait tourné au fiasco. L'affaire Fiona revient ce lundi après-midi devant les assises de Haute-Loire avec l'espoir de percer le mystère de la fillette disparue en 2013, et le risque d'une nouvelle querelle entre avocats.
Cécile Bourgeon, la mère condamnée à 5 ans de prison en première instance pour avoir menti pendant des mois en parlant d'un enlèvement de l'enfant, et Berkane Makhlouf, son ex-compagnon condamné à 20 ans de réclusion pour avoir porté des coups fatals à Fiona, comparaissent à nouveau au Puy-en-Velay.
Toujours en l'absence du corps de la victime, que les accusés disent avoir enterré dans une forêt autour de Clermont-Ferrand mais qui n'a jamais été retrouvé. Et toujours avec un grand flou sur les faits - les deux anciens toxicomanes se rejettent la faute ou avancent l'hypothèse d'un accident.
Le procès suspendu en octobre dernier
En appel, les débats avaient avorté le 13 octobre dernier quand la défense avait quitté le palais de justice avec fracas, au motif que sa "probité" aurait été "mise en cause" par l'avocate d'une association de protection de l'enfance, partie civile.
Lors du témoignage d'une connaissance du couple, Me Marie Grimaud avait relevé qu'elle avait été assistée en garde à vue, au début de l'affaire, par Me Mohamed Khanifar - aujourd'hui l'avocat de Berkane Makhlouf - et suggéré une connivence entre ce dernier et le conseil de Cécile Bourgeon, Me Renaud Portejoie.
Cette passe d'armes, incompréhensible pour le quidam, avait provoqué le renvoi de l'affaire et une procédure disciplinaire à l'encontre de Me Grimaud, initiée par la défense.
Quelques jours plus tard, c'était au tour du père de Fiona, Nicolas Chafoulais, de dénoncer devant la presse des "arrangements entre amis" - il est poursuivi pour diffamation depuis. "Moralement, psychologiquement, c'est l'enfer. J'avance pour la plus jeune de mes filles", a-t-il confié.
"Il faut que la justice prouve qu'elle est compétente"
"Le renvoi, c'était une mascarade, on est au théâtre, au tribunal, en Auvergne. On ne parle même plus des faits en fait, on ne parle plus de ce qu'il s'est passé. On parle d'avocats qui se tirent dans les pattes, (...) mais ce qui s'est passé la semaine du 12 mai 2013, on n'en parle plus. Ce qu'ils voulaient, c'est déshumaniser l'affaire, et ils ont réussi", a-t-il critiqué devant la presse.
Il aurait aimé que le procès soit "dépaysé". "Maintenant, il faut que la justice prouve qu'elle est compétente. Il va falloir recentrer le procès sur ça, puisqu'on est là pour ça en fait", a-t-il insisté.
"On n'avait aucun intérêt procédural pour ce renvoi, d'ailleurs on n'a pas fait de demande de remise en liberté (pour Cécile Bourgeon, NDLR)", souligne Me Portejoie, avocat de la mère de Fiona. "Mais on a estimé qu'on était déconsidérés auprès des jurés. Aujourd'hui, nous souhaitons que la justice passe sereinement, comme en première instance. Nous n'avons aucune agressivité et nous espérons que les uns et les autres sont dans ce même état d'esprit."
Trois nouveaux témoins
Acquittée des faits criminels par la cour d'assises du Puy-de-Dôme en 2016, Cécile Bourgeon, détenue depuis 2013 comme Berkane Makhlouf, pourrait sortir de prison en février en cas de verdict similaire en appel - il est attendu le 9 février. "Elle est aujourd'hui encore détenue. Il est bien évident, avec le jeu des réductions de peine automatiques, que si cette peine est confirmée en appel, elle sortira très rapidement", a confirmé son avocat.
Mais l'audience promet d'être encore agitée avec trois nouveaux témoins cités par Me Grimaud. "Il y a un certain nombre de détails qui avaient échappé à l'attention des uns et des autres et qui me semblent être la clé de ce qu'a vécu Fiona. Je compte bien les exploiter pour obtenir la vérité", prévient l'avocate.