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Têtes couronnées

"Il faut savoir où se trouve la limite": comment le prince William réinvente la communication royale

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En choisissant de s'exprimer sur des sujets aussi important que la santé de son épouse Kate ou son règne à venir dans une émission de divertissement diffusée sur Apple TV+, et non dans la presse, le prince William se distingue de ses prédécesseurs.

Dans The Reluctant Traveler, l'acteur canadien Eugene Levy, qui anime le programme de voyage d'Apple TV+, prend une bière au pub avec le prince William. L'image peut sembler anodine, mais elle en dit long sur la façon dont le prince de Galles, futur roi d'Angleterre, gère sa communication.

William a en effet choisi cette émission de divertissement pour se livrer sur des sujets importants. Le cancer de son épouse Kate, celui de son père, le roi Charles, sa grand-mère la reine Elizabeth II... mais aussi les changements qu'il compte mettre en œuvre quand il règnera, le prince n'est pas avare de confidences.

C'est d'autant plus étonnant qu'il n'accorde pas d'interviews à la presse traditionnelle. Boudant ostensiblement le "royal rota", les médias accrédités pour suivre la famille royale. Choisir de parler à Eugene Levy plutôt qu'à la BBC comme sa mère la princesse Diana, est pour William une façon de montrer à la presse qu'il gère sa communication d'une façon très différente de son père.

"Certaines pratiques du passé"

"J'espère que nous ne reviendrons pas à certaines des pratiques du passé dans lesquelles Harry et moi avons dû grandir - et je ferai tout ce que je peux pour m'assurer que nous ne revenions pas à cette situation".

Dans cette rare allusion à son frère, le prince William évoque le jeu, parfois dangereux, que la famille royale et particulièrement Charles et Diana, ont joué avec la presse. Tout en l'utilisant, ils en ont été les victimes, surtout Diana, sans cesse harcelée par les paparazzis.

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"Si vous ne faites pas attention, vous pouvez tellement vous immiscer dans la vie de quelqu'un que vous finissez par tout détruire. En grandissant, j'ai vu cela avec mes parents. Les médias étaient tellement insatiables à l'époque que c'est difficile à imaginer aujourd'hui, mais ils l'étaient encore plus".

"Ils voulaient connaître le moindre détail et ils étaient partout, littéralement partout. Ils savaient tout, ils étaient omniprésents. Et si vous laissez cela s'installer, les dommages que cela peut causer à votre vie familiale sont quelque chose que je me suis juré de ne jamais laisser arriver à ma famille."

"C'est pourquoi je suis très strict sur ce que je considère comme la limite à ne pas franchir, et je me battrai contre ceux qui la dépassent", souligne encore le prince William. "Mais je comprends également que, dans mon rôle, il y a un intérêt; il faut travailler avec les médias. Il faut donc adopter une attitude mature à cet égard. Il s'agit de savoir où se trouve la limite et ce que vous êtes prêt à accepter."

S'ils ne se reparlent pas William et Harry ont en commun le traumatisme des médias omniprésents dans leur vie et celle de leur famille. William fait de façon plus posée ce que Harry a entrepris il y a maintenant plusieurs années, à travers des procès retentissants contre les tabloids.

Et puis d'une certaine façon, en se livrant à travers Netflix ou une autobiographie, le prince Harry a lui aussi décidé de ce qu'il livrait au public et comment.

Dans The Reluctant Traveler, William accepte de répondre à des questions très personnelles et se montre sous un jour "moderne", arrivant en trotinette au rendez-vous, maniant l'humour et entraînant Eugene Levy dans un pub.

"Des changements nécessaires"

Il évoque par exemple sa grand-mère, la reine Elizabeth II, qui lui manque, particulièrement lorsqu'il est à Windsor - "Windsor, c'était elle" - mais aussi la princesse Kate et du roi Charles. Le prince avait certes déjà dit à quel point l'année 2024, marquée par le cancer de son épouse et de son père avait été difficile.

Mais il pousse loin l'exercice de la confession. "On dit que la vie nous met à l'épreuve et que c'est notre capacité à surmonter ces épreuves qui fait de nous ce que nous sommes".

"Je suis très fier de ma femme et de mon père pour avoir géré [cette période]", lâche-t-il, attablé avec son hôte dans un pub. Ajoutant "2024 a été l'année la plus difficile de ma vie".

Surtout, le prince s'y livre à de rares confidences sur son futur règne, et sur le style qu'il aimerait y imprimer.

Le prince William assiste au lancement du Mémorial humanitaire mondial le 1er octobre 2025 à Londres
Le prince William assiste au lancement du Mémorial humanitaire mondial le 1er octobre 2025 à Londres © CHRIS JACKSON / Chris Jackson Collection / Getty Images via AFP

"Je pense pouvoir affirmer sans me tromper que le changement fait partie de mes priorités", assure-t-il, ne cachant pas son "enthousiasme à "l'idée de pouvoir apporter certains changements". "Pas des changements radicaux, mais des changements qui, selon moi, sont nécessaires."

Autant d'extraits et de citations que la presse a dû se contenter de reprendre. Seul Eugene Levy a répondu aux questions de la BBC, s'étonnant lui-même de la franchise du prince.

"Pour moi, c'était juste une conversation. Je n'y pensais pas comme à un scoop", a-t-il livré avec bonhommie.

Magali Rangin