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Paris Île-de-France

Zone à faibles émissions: Valérie Pécresse appelle à "ne pas rendre la vie impossible" aux automobilistes

Un panneau annonçant l'entrée dans la ZFE de Paris

Un panneau annonçant l'entrée dans la ZFE de Paris - Ligue des Conducteurs

Dans un courrier adressé au président de la métropole du Grand Paris, Valérie Pécresse fait part de ses inquiétudes face à l'interdiction de la circulation des véhicules Crit'Air 3. Elle craint de faire subir trop de contraintes à près d'1,3 million d'automobilistes.

Alors que la nouvelle étape de la Zone à faibles émissions doit être appliquée à Paris au 1er janvier 2025, Valérie Pécresse s'est adressée à Patrick Ollier, président de la métropole du Grand Paris (MGP), pour exprimer ses inquiétudes.

Dans une lettre, la présidente de la région Île-de-France a formulé ses craintes quant aux nouvelles dispositions qu'impose le renforcement de la ZFE, a appris BFM Paris Île-de-France, confirmant une information du Parisien. Dès 2025, les véhicules portant la vignette Crit'Air 3 ne pourront plus circuler de 8h à 20h, du lundi au vendredi, dans le secteur.

Si Valérie Pécresse manifeste sa volonté de "poursuivre notre action collective contre la pollution de l'air", ce que ces mesures de la métropole du Grand Paris proposent, et indique que "nombre de ZFE font preuve de leur efficacité partout dans le monde", elle explique que le quotidien de nombreux automobilistes pourrait être perturbé.

"La région attire votre attention sur la nécessité impérieuse de ne pas rendre la vie impossible à des parties entières de la population en entravant trop brutalement leur faculté d’aller et venir", écrit-elle.

Un parc automobile largement perturbé

Concrètement, le renforcement de la ZFE opérerait de gros changements pour près d'un quart des automobilistes franciliens. Plus précisément, 1,3 million de voitures franciliennes seraient concernées par les restrictions, contre 7 % (370.000 voitures) actuellement.

"31 % des véhicules de Seine-Saint-Denis, département inclus dans la ZFE, ne pourront plus circuler normalement", ajoute Valérie Pécresse. En ce qui concerne la Seine-et-Marne et le Val-d'Oise, 28% des voitures sont concernées. Dans certaines villes, telles que Bondy (Seine-Saint-Denis) et Mantes-la-Jolie (Yvelines), le taux grimpe respectivement jusqu'à 40 et 43%.

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En parallèle, Valérie Pécresse revient sur le "Passe ZFE 24h". Il permet aux véhicules exclus de pouvoir accéder exceptionnellement à l'intérieur du périmètre de l'A86 (celle-ci n'étant pas incluse), de 8h à 20h, hors week-ends et jours fériés. Le tout durant 24 heures, à 12 reprises chaque année.

La métropole du Grand Paris souhaite ainsi augmenter le nombre de jours de dérogation possible, celui-ci étant par exemple de 52 pour les ZFE de Lyon et de Toulouse. Une annonce devrait être faite au cours du mois de décembre, indique la MGP à BFM Paris Île-de-France.

Mais, pour la région, "les conditions et durées des dérogations sont trop hétérogènes et complexes, et le mécanisme d’autorisation préalable trop contraignant pour nos citoyens et entreprises, à qui nous devons, au contraire, de la simplification".

"Corriger les conséquences sociales douloureuses"

Devenue une obligation légale avec la loi climat et résilience de 2021, la ZFE et ses dispositions impliquent un réaménagement de la circulation et de nouvelles habitudes pour les automobilistes.Sauf que Valérie Pécresse craint des conséquences plus larges.

"Le risque est réel, si un tel arrêté devait être pris, que nous assistions à une relégation des Franciliens les plus en difficulté et à une accentuation des fractures territoriales et sociales de l’Île-de-France", argumente-t-elle.

Elle justifie en outre sa position en rappelant que sa politique vise depuis 2016 à éviter un tel scénario. "La Zone a faibles émissions ne doit pas se transformer en zone à forte exclusion", ajoute-t-elle.

La présidente de la région Ile-de-France appelle Patrick Ollier à lancer une révision de ce texte pour "corriger les conséquences sociales douloureuses" qu'il entraînerait pour "les ménages les moins favorisés et les artisans d'Île-de-France".

En retour, la MGP indique qu'elle possède un dispositif "Métropole roule propre" pour changer son véhicule depuis 2016. À ce jour, 8.549 demandes d'aides et 34,9 millions d'euros ont été distribués, ce qu'elle qualifie auprès de BFM Paris Île-de-France de "succès".

Ces aides sont cumulables avec d'autres dispositifs, telle que la prime à la conversion, qui fait d'ailleurs partie des principales attentes dans le cadre du projet de loi de finances pour 2025. Les collectivités attendent en effet que celle-ci et le Prêt à taux zéro se poursuivent.

Nicolas Dumas avec Mélanie Hennebique