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"On a déjà beaucoup de mal": la frustration d'un artisan après sa contravention pour non-respect de la ZFE à Lyon

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Emmanuel Cuet, artisan lyonnais, dénonce auprès de BFM Lyon une contravention pour non-respect de la ZFE qu'il juge pénalisante, dans une profession qui "a déjà beaucoup de mal". Pour lui, acheter un nouveau véhicule moins polluant est "intenable".

"Qui veut la peau de l'artisan?". Emmanuel Cuet, agenceur menuisier avec son entreprise Ateliers Charignon basée à Couzon-au-Mont-d'Or, a confié sa frustration auprès de BFM Lyon ce jeudi 12 septembre.

Le membre de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) du Rhône a posté sur Linkedin un long message afin de dénoncer sa situation. L'homme raconte avoir été récemment verbalisé pour la première fois pour non-respect de la ZFE avec l'un de ses véhicules utilitaires Crit'Air 4 en se rendant en Presqu'île sur un chantier.

"Je n'ai rien contre la majorité, ce n'est même pas un coup de gueule pour moi, mais ce que je veux c'est qu'il y ait des mesures justes, notamment pour nous artisans", explique-t-il.

Des mesures jugées "trop rapides"

Depuis le 1er janvier dernier, les véhicules affublés d’une vignette Crit’Air 4 ont été exclus des rues de Lyon. Ceux avec une Crit'Air 5 sont, de leur côté, bannis depuis début 2023.

Emmanuel Cuet dénonce des mesures "trop rapides", qui "ne laissent pas le temps aux artisans de se retourner, on le sait par exemple pour les Crit'Air 3 depuis 2021". Au 1er janvier 2025, Paris et Lyon devront interdire la circulation des vignettes Crit'Air 3 dans les zones à faibles émissions.

"C'est ce que j'ai dit à la ville, si j'ai 500.000 euros de trésorerie, oui je veux bien changer de véhicules mais là c'est intenable", explique ce dernier. L'artisan dit aussi ne pas avoir "totalement confiance en l'électrique", en prenant l'exemple de chantiers plus lointains sur lesquels il est forcé de se rendre.

"Quand j'ai des clients à Courchevel, si mes gars doivent s'arrêter deux fois pour recharger ce n'est pas possible. Il vaudrait mieux des véhicules à hydrogène avec plus de capacités", indique ce dernier auprès de BFM Lyon.

L'artisanat "mis à mal"

Emmanuel Cuet déplore aussi un double discours des écologistes: à la fois "prôner la décroissance" mais aussi ne pas permettre de continuer "d'utiliser nos vieux véhicules qui fonctionnent très bien".

Et de donner un exemple, parlant selon lui: "Vous prenez le nouveau Ikea Parilly, c'est 3000-4000 véhicules par jour en périodes de forte affluence qui viennent pour acheter de la m*rde, des choses qui vont finir à la benne un an après plutôt que de privilégier des artisans qui revendiquent un savoir-faire artisanal et local".

L'agenceur menuisier dit avoir été contacté par les élus qui lui ont promis de l'aider pour l'amende, mais a refusé. Il craint que tout ça mette "encore plus à mal l'artisanat".

"On a déjà beaucoup de mal, ça se perd et en plus on nous pénalise" dit-il. "On arrive à un point où s'entrechoquent, je pense, deux droits: le droit de travailler et le droit environnemental. Et je crains surtout pour les nouvelles générations."

En juin 2023, la métropole de Lyon a dû revoir à la baisse son projet d'extension du périmètre de la ZFE. Elle a ainsi reporté l'interdiction des véhicules Crit'Air 2 (tous les diesels et les essences d’avant 2011), initialement prévue au 1er janvier 2026. Ces derniers pourront finalement rouler au sein de la ZFE jusqu'au 1er janvier 2028.

Hugo Francés avec Alixan Lavorel