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Paris Île-de-France

Une situation "intolérable": Anne Hidalgo s'oppose à un nouveau déplacement des consommateurs de crack

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Le préfet de police de Paris proposait d'accueillir les consommateurs de crack réunis autour du jardin d'Eole, après en avoir été évacués, au niveau de la place Auguste Baron, dans le 19e arrondissement.

Anne Hidalgo ne veut plus voir les toxicomanes baladés dans la capitale, au gré des évacuations. En ouverture d'un débat sur la prise en charge des toxicomanes au Conseil de Paris ce mercredi, la maire socialiste a marqué son opposition à une nouvelle fixation des toxicomanes dans un lieu de la capitale, comme c'était le cas jusqu'à la semaine dernière dans les Jardins d'Eole.

Une incohérence pour Anne Hidalgo

Le préfet de police Didier Lallement a récemment soumis l'idée, dans un courrier en date du 25 juin, de déplacer provisoirement les toxicomanes au niveau de la place Auguste Baron, dans le 19e arrondissement. Située sous le périphérique, et au milieu de la circulation, cet espace vert fait office de rond-point au niveau de la porte de la Vilette. Une solution inadaptée pour les riverains et la maire de Paris.

"Ce type de solution n’est pas tolérable, ni sous le périphérique, ni dans un jardin public et nulle part à Paris", a tancé Anne Hidalgo, dénonçant "l'incohérence" du gouvernement et de la préfecture.

"On ne peut pas nous dire qu'on ne tolèrera pas des salles de consommation encadrée dans lesquelles il y a un travail thérapeutique vis-à-vis des toxicomanes et nous dire que la solution serait un immense espace de non-droit, à ciel ouvert, pour le trafic de drogue et la consommation", a-t-elle poursuivie décrivant une situation "grave et intolérable".

Et de compléter: "C’est exactement l’inverse d’une réponse pérenne qui permettrait d’amener les consommateurs vers le sevrage. C’est un pis-aller qui montre les limites d’une réponse uniquement sécuritaire au problème, même si elle est importante et nécessaire".

Une "solution intermédiaire"

Visé par cette sortie, le préfet de police Didier Lallement a maintenu la nécessite de trouver "une solution intermédiaire" car la situation autour des jardins d'Eole "ne peut pas durer au-delà de quelques jours."

Le déplacement des toxicomanes vers la place Auguste Baron n'est qu'une "solution intermédiaire" pour "soulager une partie des habitants en remettant la pression ailleurs", a expliqué le préfet.

"J'ai bien conscience que pour d'autres habitants, ce serait extrêmement embêtant. C'est pour ça que j'ai proposé un lieu qui me semblait avoir moins de pression tout en reconnaissant parfaitement qu'il ne s'agit qu'une solution provisoire".

Un réseau de prise en charge à Paris

Une réponse insuffisante pour Anne Hidalgo qui plaide pour l'installation de salles de consommation à moindre risque encadrées et "disséminées" dans la capitale. "Nous avons identifié quelques sites susceptibles d'être adaptés", notamment le nord de Paris, et plus particulièrement le 18e arrondissement.

La maire souhaite la "création d'un réseau de lieu de prise en charge à taille humaine", combinant "espace de repos le jour et d'hébergement d'urgence la nuit, une offre de soins, de l'accompagnement social, thérapeuthique, psychiatrique dans un cadre juridique autorisant aussi l'inhalation supervisée".

"Toutes celles et ceux qui se sont élevés contre les salles de consommation à moindre risque savent qu’ils ont tort. Si on veut rendre invisible ce problème, ce n’est pas comme ça qu’on le règle", a ajouté la maire.

"Dès cet été, je prendrai ma part en ouvrant un premier lieu de prise en charge du crack à Paris", a par ailleurs promis Anne Hidalgo, qui invite le gouvernement "à soutenir les élus parisiens". De nouvelles réunions sont prévues dans les prochains jours.

Benjamin Rieth Journaliste BFM Régions