Jardins d'Éole: après l’évacuation des consommateurs de crack, retour à la case départ?

Évacués, mais encore présents. Ce jeudi, devant les grilles des jardins d'Éole, à Paris, à la limite des XVIIIe et XIXe arrondissements, les consommateurs de crack erraient toujours niveau de la porte Nord de l'entrée du parc, malgré l'éviction réalisée dans la nuit de mardi à mercredi.
Sur place, ce jeudi matin, nos équipes ont pu constater la présence de plusieurs consommateurs en train d'inhaler du crack avec des pipettes ou en train de boire. A l'arrivée de CRS, les personnes toxicomanes se sont déplacées d'une dizaine de mètres plus loin, mais sont restées proche de l'entrée des jardins d'Éole.
Les policiers présents surveillent les allées et venues dans le parc et filtrent les passants, en empêchant l'accès aux fumeurs de crack.
Les riverains inquiets
Une situation quasi de statu quo, qu'ont dénoncé de nombreux riverains mercredi, lors d'une manifestation devant le parc. Pour eux, la situation est revenue à la case départ.
"On est dégoutés. On s'inquiète pour nos jeunes quand ils vont rentrer dans notre quartier tard le soir, ils vont tomber sur des toxicomanes surexcités. On a peur qu'un drame arrive", explique à BFM Paris Frédéric Francelle, porte-parole de "Collectif 19", un collectif de riverain.
Beaucoup d'habitants regrettent également de se retrouver au milieu d'une guerre entre la mairie de Paris et le gouvernement.
"C'est un jardin qui appartient à la ville de Paris. Donc elle a pris ses responsabilités en le fermant aux toxicomanes. Et maintenant elle renvoie la balle au gouvernement pour qu'il y ait une prise en charge et un hébergement", dénonce Régine, du collectif "Renaissance des jardins d'Éole".
Certains consommateurs de drogue se sont même mélés à la manifestation, faisant eux-aussi part de leur désarroi. L'un d'eux explique avoir cherché "un endroit plus caché" pour fumer du crack, mais sans y arriver. "On a des cités, des endroits, des stations de métros, de trains...", ajoute-t-il.
Divergences entre Paris et le gouvernement
Mercredi, lors d'une conférence de presse dans ce parc à la limite des XVIIIe et XIXe arrondissements, Anne Hidalgo a affirmé avoir demandé au gouvernement d'ouvrir conjointement un lieu pour prendre en charge les consommateurs de drogue. Mais "pour l'instant, il y a divergence de vues au sein du gouvernement" entre ceux qui souhaitent des lieux d'accompagnement et "d'autres qui expliquent qu'il suffit de déplacer le problème", a déploré la maire de Paris.
"Je souhaite qu'on ouvre un lieu qui vienne en aide aux personnes toxicomanes car on ne peut pas juste évacuer le sujet sans le traiter", a répété la maire de Paris qui avait écrit au Premier ministre Jean Castex début juin pour demander "de nouveaux dispositifs de prise en charge adaptés aux problématiques de consommateurs de crack".
La Ville souhaite que plusieurs sites proposant un accompagnement médico-social et d'hébergement soient créés. "Un seul quartier ne peut porter à lui seul l'ensemble des réponses médicales, psychiatriques, sociales, d'hébergement ou encore d'insertion et de réadaptation", insistait la municipalité dans un communiqué cette semaine. Si la mairie de Paris assure prendre "pleinement sa part" et assumer "ses responsabilités", elle attend désormais de l'État "une position explicite et univoque" sur ce sujet.
Si la situation n'évolue pas rapidement, les habitants assurent de leur côté qu'ils continueront à manifester tous les mercredis devant les grilles des jardins d'Éole.