Crack à Stalingrad: l’avertissement du préfet à Anne Hidalgo avant l’évacuation des jardins d'Éole

"Je prends acte de votre décision (...) en notant qu'elle n'a pas été concertée". Dans un courrier adressé à Anne Hidalgo quelques jours avant l'évacuation des jardins d'Eole, le préfet de police met en garde la maire de Paris.
Dans cette lettre datée du 25 juin, que BFM Paris a pu consulter, Didier Lallement se montre sceptique sur l'évacuation des jardins dans lesquels les toxicomanes du quartier de Stalingrad avaient été autorisés temporairement à rester la nuit. "Par ce courrier, je veux vous sensibiliser aux conséquences de celle-ci", écrit le préfet.
"En effet, si vos services mettaient fin à l'ouverture en soirée du jardin d'Eole sans que soit préalablement identifié de nouveau lieu vers lequel diriger les toxicomanes, ceux-ci ne manqueraient pas à la fois de revenir sur le site de Stalingrad, et de se disséminer dans d'autres lieux, en particulier dans le 18e arrondissement", poursuit Didier Lallement.
Le préfet estime par ailleurs que la situation risque d'être "plus pénalisante qu'à l'heure actuelle pour les riverains".
Pas de solution alternative décidée
Le préfet dit néanmoins partager le besoin "de répondre d'une même voix à cette situation grave et complexe". "Vous pouvez compter sur la mobilisation de la police nationale pour continuer son action de sécurisation de ces quartiers, et d'interpellations très régulières de trafiquants de crack", affirme-t-il.
"Je vous présenterai le dispositif qui sera mis en place au 30 juin comme vous le demandez dès qu'un accord sera trouvé sur un lieu alternatif et temporaire d'installation des toxicomanes", ajoute encore le préfet, qui réitère sa proposition d'installer "de façon temporaire" les consommateurs de crack place Auguste Baron, dans le 19e.
Mais au lendemain du 30 juin, aucun lieu alternatif d'accueil n'a été annoncé. Mercredi matin, Anne Hidalgo s’était rendue aux jardins d’Éole et avait plaidé pour "une prise en charge thérapeutique des personnes toxicomanes." Elle avait par ailleurs dit avoir fait "plusieurs propositions à l’État", mais être prête à ouvrir des lieux si l'Etat "ne prenait pas ses responsabilités". La mairie plaide pour l'ouverture de lieux "avec des médecins, avec des psychiatres, avec des infirmiers, avec les associations" sur plusieurs sites.
Jeudi matin, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a affirmé que "l’État met les moyens" pour ce quartier, notamment au travers d’opérations de police et a appellé la mairie à "aider à trouver des solutions opérationnelles où pourront se rendre les toxicomanes."
Retour à la case départ pour les riverains
L'installation des consommateurs de crack la nuit aux Jardins d'Eole avait été décidée mi-mai et de façon temporaire, pour soulager les riverains de la place Stalingrad, où se regroupent les toxicomanes. La mairie de Paris avait par la suite indiqué vouloir rendre le jardin aux habitants.
Pour les riverains, l'évacuation des Jardins d'Eole ressemble à un retour à la case départ. Sortis du jardin, et sans autre solution de repli, ils restent depuis à nouveau devant le parc.
Les riverains font part de leur lassitude et regrettent le manque d’actions concrètes à ce sujet, que ce soit de la part du gouvernement ou de la mairie de Paris. Ils ont prévu de manifester tous les mercredis si la situation n'évolue pas.