Recrutement, maintenance... comment la RATP et la SNCF comptent améliorer la situation dans les transports

Un train circulant sur le RER B (illustration) - AFP
Face aux nombreuses difficultés rencontrées par les voyageurs dans les transports en commun d'Île-de-France, la RATP et la SNCF ont présenté ce vendredi les mesures mises en place pour un retour à la normale.
D'ici le 1er avril, le service devrait être revenu à un niveau habituel sur l'ensemble des lignes de métro promet la RATP, tandis que les voyageurs devront attendre l'été pour un retour à la normale sur le réseau de bus.
• 4500 postes ouverts à la RATP
Pour faire face au manque de conducteurs, alors qu'un millier de démissions ont été enregistrées en 2022 contre environ 400 avant le Covid, la RATP a relancé un "plan massif de recrutement". Selon son PDG, Jean Castex, 4500 postes sont ouverts cette année dans l'entreprise, notamment comme conducteur de bus ou de métro.
"Nous serons sur un train qui sera pratiquement double par rapport à 2022. C'est un objectif ambitieux", poursuit Jean Castex qui précise qu'il s'agit aussi "d'anticiper les besoins" des Jeux olympiques 2024.
Par exemple, alors que 180 conducteurs de métro ont été recrutés en 2022, 400 postes seront ouverts cette année. La RATP fait aussi appel à des alternants et à des apprentis.
"On a accru nos dispositifs de formation interne, on forme même la nuit pour les conducteurs de métro. J'ai également l'intention de recréer des centres de formation interne à la RATP, notamment pour les métiers de la maintenance [...] et de la sûreté, ajoute Jean Castex.
"Nous vivons un effet du ralentissement de la formation de nos personnels des deux dernières années, les années Covid, confirme, de son côté, Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs. On va mettre le paquet pour rattraper le retard."
"Nous fixons un objectif de 400 conducteurs à recruter en 2023", poursuit-il, contre 200 qui ont rejoint la SNCF l'an dernier.
• Renforcer le personnel de maintenance
Il n'y a pas que les conducteurs qui manquent, mais aussi du personnel pour assurer la maintenance du matériel roulant, ce qui a "contribué à la dégradation du service notamment là plutôt sur le réseau du métro", indique le PDG de la RATP.
"Nous avons du mal à recruter à la maintenance", reconnaît Jean Castex soulignant que des postes sont ouverts, mais pas pourvus. "Il y a, de surcroît, un mouvement social latent dans certains de ces services."
Ces difficultés pénalisent, par exemple, la ligne 12 du métro qui est l'une des plus en difficulté en ce début d'année. "On est sur le point de retrouver notre niveau de conducteur, mais il nous manque des métros. Il nous faut les deux", admet Jean Castex.
"Pourquoi il nous manque des métros? Parce qu'il y a des retards au niveau de la maintenance [...] parce qu'on a des tensions en matière d'effectif qu'on va s'employer à combler", explique-t-il.
• Du nouveau matériel
Pour remédier aux problèmes sur la matériel roulant, Valérie Pécresse, la présidente d'Île-de-France mobilités, a rappelé que des livraisons de trains neufs sont attendues sur plusieurs lignes cette année.
"Le RER nouvelle génération arrive en 2023 sur le D et le E", rappelle-t-elle et la production des nouveaux trains est lancée pour le RER B. "L'essentiel des efforts, dans les années qui viennent, va être visible sur le métro."
Les lignes 4, 11 et 14 vont être dotées de nouvelles rames: si 22 sont déjà arrivées, 110 vont venir. La ligne 11 verra ainsi circuler à partir de cet été uniquement le nouveau matériel "avec une voiture de plus par rame ce qui va changer la vie des voyageurs", ajoute Jean Castex.
"Le MF19 sort de production en 2023 et va être mis en service sur la ligne 10 du métro en 2025", détaille Valérie Pécresse en soulignant "sortir progressivement du réseau des rames hors d'âge".
La présidente d'Île-de-France mobilités a cependant indiqué que les livraisons des rames MF19 ne peuvent pas être avancées, malgré les demandes de Jean Castex, en raison des délais nécessaires du côté d'Alstom.
Le PDG de la RATP explique les difficultés sur la ligne 8 par la vétusté du matériel qui est "le plus ancien de la RATP". Si les rames de la même période ont été rénovées sur d'autres lignes, elles ne l'ont jamais été sur la 8. Jean Castex déplore que les livraisons des nouvelles rames ne se fassent "à ce stade" qu'entre 2028 et 2030 sur la ligne.
La ligne 6 voit, elle aussi, son matériel roulant être peu à peu remplacé depuis cette semaine. Il s'agit des anciennes rames de la ligne 4 qui sont rénovées "pour remplacer le vieux matériel pneu jusqu'à 2026", explique le PDG de la RATP.
• Des travaux à prévoir
Pour améliorer l'infrastructure, "il y aura cette année beaucoup de travaux", prévient Valérie Pécresse. "Un mal nécessaire", ajoute-t-elle pour réduire les incidents lors des circulations des métros et des RER.
SNCF Réseau souligne que 3,3% des irrégularités causées ces deux dernières sur les lignes de Transilien sont liées aux travaux menés. Le PDG de l'entreprise, Matthieu Chabanel, a toutefois admis des difficultés spécifiques sur les RER B et D ainsi que sur le RER C qui a été touché par "des défaillances d'infrastructures" ces dernières semaines.
"Il faut que les travaux se déroulent comme ils ont été prévus et que le matin les travaux s'arrêtent à la bonne heure pour que les premiers trains du matin roulent", expose Matthieu Chabanel.
Concernant le métro, la ligne 4 doit voir cette année la fin des travaux pour son automatisation. "La ligne 4 présente des difficultés liées à ces travaux", souligne Jean Castex qui indique que les voyageurs verront "un saut qualitatif" lorsque la ligne sera automatisée.
D'autres facteurs ont été évoqués par la RATP et la SNCF qui entraînent des difficultés au quotidien. "Il y a les malaises voyageurs, les passagers sur les voies et les colis abandonnés", énumère Jean Castex. Pour y remédier, la sécurité va être renforcée avec, là aussi, des recrutements supplémentaires pour réduire les délais d'intervention sur le réseau RATP.
Les lignes identifiées comme problématiques
Selon Île-de-France mobilités, trois lignes de métro sont considérées comme en difficulté en ce début d'année (7, 10 et 12). Cinq autres sont classées comme "fragiles" (3, 4, 6, 8 et 13) tandis que les dernières "remplissent leurs objectifs" (1, 2, 5, 9, 11 et 14).
Sur les RER, les lignes A et E sont "dans le vert" d'après Valérie Pécresse. Le RER C est classé comme "fragile" tandis que les lignes B et D sont en difficulté.
Concernant le Transilien, les lignes N, J et L font face à des "mouvements sociaux" et sont "fragilisées", indique Valérie Pécresse. De même pour la ligne P "malgré les travaux d'électrification". La ligne R, elle, est perturbée par des travaux en soirée tandis que les autres lignes sont classées en vert par Île-de-France mobilités.