"On a de la colère, on est endeuillé": marche blanche et émotion à Paris, en hommage aux trois Kurdes tués

Trois jours après la mort de trois militants kurdes, un rassemblement se tenait ce lundi à Paris. Plusieurs centaines de personnes se sont réunies rue Lafayette dans la capitale à l'appel du conseil démocratique kurde pour rendre hommage aux trois personnes tuées par balles, vendredi .
La marche blanche s'est déroulée dans le calme, avec un service d'ordre renforcé et les rues du parcours de la marche piétonisées. Samedi, des heurts avaient éclaté en marge de la manifestation en soutien aux Kurdes qui s'est tenue place de la République.
"On est tous peiné que nos compatriotes soient tombés"
Erbu présente ce lundi à la manifestation indique à BFMTV être présente pour "faire entendre notre voix dans le calme. Il y a une peur qui persiste, si c'est arrivé une fois, cela peut toujours arriver. On ne sent pas forcément en sécurité". Oran surenchérit au micro de BFMTV:
"On a de la colère, on est endeuillé, on est tous peiné que nos compatriotes soient tombés. On est dans un pays démocratique, tout cela ne devra pas avoir lié. On attend que la justice française nous entende."
"Il y a de colère, du ressentiment et de la frustration. Il y a sentiment de ne pas être en sécurité pour la communauté kurde de France. La communauté kurde attend la protection de l'État français et des instutitions puisqu'elle est victime de violences, d'attentats et d'assassinats", insiste Baran Gunduz, bénévole au conseil démocratique kurde en France.
Réclame "vérité et justice"
Des petits autels ont été érigés sur le trottoir, à l'endroit où les trois victimes ont été abattues, sur lesquels ont été déposés leur photographie ainsi que des bougies et des bouquets de fleurs.
Le cortège s'est élancé aux alentours de 12h30 en direction de la rue Lafayette, dans le même arrondissement de la capitale, où trois militantes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) avaient été tuées le 9 janvier 2013 à Paris. Le rassemblement s'est dispersé aux alentours de 14 heures. Une minute de silence a été observée pour rendre hommage aux victimes.
Les manifestants scandaient en kurde "Nos martyrs ne meurent pas" et en français "Femmes, vie, liberté", et réclamant "vérité et justice". Des portraits des trois victimes de vendredi mais aussi des trois militantes du PKK tuées en 2013 à Paris ont été brandis.
L'assassin présumé des trois militantes est mort d'un cancer en 2016 quelques semaines avant son procès. Mais les parties civiles ont obtenu en 2019 la relance de l'enquête pour examiner l'éventuelle implication des services de renseignement turcs.
Vers une mise en examen
Immédiatement après l'attaque de vendredi, les Kurdes de France ont évoqué un acte "terroriste" et mis en cause la Turquie.
"Nous avons décidé de venir dès que nous avons entendu parler de cette attaque terroriste vendredi (...) Nous avons peur de la communauté turque et des services secrets", a déclaré en anglais une jeune Kurde venue manifester de Rotterdam, qui n'a pas souhaité donné son patronyme par peur de représailles.
L'auteur présumé de l'attaque de vendredi, de nationalité française et âgé de 69 ans, avait déjà commis des violences avec arme par le passé et a indiqué lors de son interpellation avoir agi parce qu'il était "raciste".
La garde à vue du suspect a été levée lundi matin et l'homme présenté à un juge d'instruction en vue d'une éventuelle mise en examen.