Île-de-France: les élus de gauche dénoncent un "coup de force" de Pécresse à la commission des finances

L'Hémicycle du Conseil régional d'Ile-de-France à Saint-Ouen. - MARTIN BUREAU / AFP
Les élus d'opposition parlent d'un "coup de force" et d'une "atteinte au fonctionnement des instances régionales". Le conseil régional d'Île-de-France a élu ce vendredi son nouveau président de la commision des finances et des fonds européens, après la démission, pour raisons personnelles, d'Anne-Claire Jarry Bouabid.
Avec 10 voix sur 15 en sa faveur, c'est Aurélie Taquillain, présidente du groupe de la majorité présidentielle Renaissance, qui a été élue. Une élection décriée par les oppositions.
En effet, depuis janvier 2016, la région s'est dotée d'une charte qui précise que la commission des finances doit être "présidée par un élu issu des rangs de l'opposition".
Un "usage républicain" "piétiné" par la droite
Mais cette règle a cette fois-ci été "bafouée", selon les oppositions, qui assurent que Valérie Pécresse, présidente de la région, et ses élus de droite (LR) "ont piétiné l'usage républicain", en s'alliant à Renaissance pour faire élire la candidate de la majorité présidentielle au lieu de s'abstenir.
"La présidente de la région Île-de-France a fait le choix de s'allier avec le parti Renaissance pour confisquer la présidence de la commission des finances à l'opposition de gauche", écrit LFI-A, dénonçant aussi un vote "organisé à la hâte, dans des conditions guignolesques".
"Cet usage républicain, pratiqué dans toutes les collectivités d'envergure, constitue un garde-fou démocratique par le contrôle, sous le regard de la première des oppositions, des affaires financières de la collectivité" rappelle aussi l'opposition.
En agissant ainsi, "la droite refuse le débat", selon une source proche du groupe écologiste. C'est parce qu'elle est "politiquement très isolée après sa campagne présidentielle ratée" que Valérie Pécresse "en arrive à faire des arrangements avec les macronistes", ajoute cette source, notant l'absention d'un élu de droite qui a "refusé ces arrangements" avec Renaissance.
"Un pas de plus vers Matignon"
Les élus de gauche accusent Valérie Pécresse d'avoir agi ainsi pour "faire un pas de plus vers Matignon".
"La droite régionale, pour des combinaisons d'appareils et dans la perspective d'un remaniement gouvernemental, donne des garanties à la macronie quel qu'en soit le prix pour le fonctionnement de la collectivité régionale. Valérie Pécresse est-elle candidate au poste de Première ministre?" finissent-ils par interroger.
Pour Roberto Romero, conseiller régional et candidat de gauche à la présidence de la commission des finances, ce vote des élus de droite "montre enfin, que le rapprochement entre LREM et LR est en cours sur les territoires", dénonçant par ailleurs des "méthodes lamentables qui rabaissent le débat démocratiques".
La majorité présidentielle dans l'opposition?
Fraîchement élue, Aurélie Taquillain assure de son côté ne pas être "la représentante de Valérie Pécresse".
"Le groupe de la majorité présidentielle est dans l’opposition. (...) On a été élu pour une bonne gouvernance des finances publiques. On veut de la rationalité" déclare-t-elle au micro de BFM Paris Île-de-France.
Elle estime que ce sont "les divisions de la gauche" qui ont mené à ce résultat.
L'entourage de Valérie Pécresse le martèle: "la présidence de cette commission est pour l'opposition". Elle rappelle aussi à BFM Paris Île-de-France qu'Aurélie Taquillain, bien qu'ancienne LR, a voté contre tous les budgets de la région.
"Ils ont voulu se débarrasser d'Anne-Claire Jarry-Bouabid et la remplacer. Ils ont voulu jouer, ils ont perdu", tacle encore l'entourage la présidente de région.
Remplacer "une femme par une autre femme"
Même son de cloche du côté du groupe Île-de-France Rassemblée, le groupe majoritaire à la région, qui justifie aussi le choix d'Aurélie Taquillain par la "nécessité de remplacer une femme par une autre femme".
L'entourage de Valérie Pécresse dénonce également un incident de séance avec l'élue insoumise Sophia Chikirou.
"Il y a eu une violation des règles, elle a filmé la commission. Il y aura un rappel au règlement, il est hors de questions d'importer la 'bordélisation' du débat".
Une accusation confirmée par le communiqué de son groupe d'élus qui évoque de multiples incidents de séance provoqués par des élus d'extrême gauche", qui sont allés "jusqu’à filmer les fonctionnaires présents et menacer publiquement de diffuser ces images sur les réseaux sociaux, au mépris du caractère privé des réunions de commission".