Île-de-France: les élus locaux boudent le ministre des Transports sur le financement du projet Eole

Valérie Pécresse et Anne Hidalgo côte à côte, accompagnées d'autres élus franciliens. Clément Beaune, seul face à tous. Ce lundi, les deux groupes s'opposaient de part et d'autre de la place Maillot à Paris.
D'un côté, le ministre des Transports, venu inaugurer un chantier de l'extension de la ligne du RER E porte Maillot. De l'autre, la présidente de la région Île-de-France, la maire de Paris mais aussi les présidents des Hauts-de-Seine Georges Siffredi et des Yvelines Pierre Bédier, qui ont refusé d'accueillir Clément Beaune.
Certains d'entre eux avaient été conviés au déplacement du ministre mais avaient refusé, avant de programmer à quelques heures seulement du rendez-vous, un déplacement surprise pour montrer leur désapprobation envers l'État.
"Il manque 600 millions d'euros"
Les élus locaux ont mis leurs différends politiques de côté pour s’attaquer de front au gouvernement sur la question des transports franciliens. "Le sentiment qu'on a, c'est que l'État nous mène en bateau", a lancé Valérie Pécresse.
"On ne s'était jamais rencontrés sur le dossier Eole, ce qui montre la gravité de la situation", pointe Pierre Bédier.
Le projet du prolongement du RER E vers les Yvelines, surnommé chantier Eole, a connu de nombreux retards depuis son lancement. Selon les élus, ils sont symptomatiques du manque d'engagement financier de l'État dans les transports en commun d'Île-de-France. Et chacun en va de sa pique contre le gouvernement.
"J'ai été voir le ministre du budget la semaine dernière, et j'en suis sortie extrêmement inquiète", a raconté Valérie Pécresse. "Sur toutes les pistes qui ont été soulevées pendant les assises du financement, il a fermé toutes les portes à ce stade."
La présidente de région critique une visite qu'elle trouve illusoire, où Clément Beaune vient "faire comme si tout allait bien en inaugurant un tronçon de ligne qu'on ne sait pas ouvrir aujourd'hui". Elle conclut en rappelant "qu'à ce jour, nous n'avons pas le premier euro pour faire circuler les trains Eole".
"Il manque encore 600 millions d'euros pour ouvrir toutes les lignes jusqu'en 2030", dénonce Valérie Pécresse.
Le chantier Eole, un gouffre financier pour les collectivités
Anne Hidalgo a quant à elle tenu à rappeler la contribution de la mairie de Paris dans le financement de l'infrastructure et sur la pote Maillot, "qui sera livrée en temps et en heure". Pourtant, elle ne comprend pas la volonté du ministre Beaune d'inaugurer" quelque chose qui n'est pas prêt et qui a dérapé sur le plan financier".
Le projet a été financé à 45% par les collectivités locales, sans compter un surcoût de 2 milliards d'euros assuré par ces dernières. Collectivement, les élus franciliens demandent aujourd'hui que les recettes de ces lignes Eole soient par la suite reversées aux collectivités ainsi qu'à Île-de-France Mobilités.
Valérie Pécresse en a également profité pour faire peser la menace de Paris 2024 sur le gouvernement: pas d’argent, pas de nouvelles lignes pour les Jeux olympiques.