Faut-il s'inquiéter de la pollution de l'air dans le métro pour sa santé?

"On ne court pas dans les escaliers ou après sa rame de métro." Auprès de BFMTV.com, Jean-Baptiste Renard, directeur de recherches au CNRS et membre du comité scientifique de l'association Respire, met en garde les usagers face à la présence des particules fines dans le métro et le RER en région parisienne.
Des risques même à court terme
Pour la première fois, Île-de-France Mobilités (IDFM) a dévoilé ce lundi 22 janvier une cartographie de la pollution de l'air dans le réseau de transport souterrain montrant une concentration très élevé de particules fines PM10 dans les stations Belleville, Jaurès et Oberkampf comme l'indique la carte ci-dessous.
Dans cette première étude publiée par IDFM, les mesures sur les quais des stations Belleville, Oberkampf et Jaurès dévoilent une concentration de particules fines PM10 dépassant les 480 µg/m3, au-delà du seuil recommandé par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) à partir d'une heure d'exposition. Pour autant, "on ne peut pas interpréter ces données en terme de dangerosité", a souligné Sophie Mazoué, responsable développement durable pour le groupe RATP.
De son côté, Jean-Baptiste Renard regrette l'absence d'analyse des particules fines dans l'étude publiée par IDFM. "Les PM 10, ce sont les particules les plus grosses qui ne pénètrent pas en profondeur dans l'organisme, à l'inverse des PM 2,5", déplore Jean-Baptiste Renard qui pointe aussi du doigt des "vieilles mesures réalisées depuis dix ans et uniquement en station".
Une autre étude, réalisée pour l'émission de télévision "Vert de rage" sur France 5, avait, elle, mesurée les PM 2,5 et concluait également que la station Belleville était la plus touchée.
"Ces particules fines vont dans le sang et circulent dans l'organisme", souligne Jean-Baptiste Renard auprès de BFMTV.com avec différents risques pour la santé.
À court terme, cette exposition aux particules fines peut entraîner des crises d'asthme, à moyen terme une inflammation des poumons "qui est la porte d'entrée de virus comme le Covid" et à plus long terme, des risques d'AVC, de crise cardiaque ou encore de développement de cancer. Des risques confirmés également par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) qui avait souligné, dans une étude en juin 2022, que l'air du métro est trois fois plus pollué qu'en surface.
Une pollution supplémentaire
Pour autant, les risques restent limités pour une personne qui en resterait sur le quai ou dans une rame que quelques minutes sur une journée. "À partir de 30 minutes aller-retour, c'est là où un usager augmente fortement la pollution respirée au cours d'une journée", poursuit le directeur de recherches au CNRS et membre du comité scientifique de l'association Respire.
Pour lui, ce n'est pas l'air qui circule dans les quais qui est le plus pollué -et mesuré par Île-de-France Mobilités pour réaliser sa cartographie- mais bien celui dans les rames. "À chaque arrêt, lors de l'ouverture et de la fermeture des portes, la rame reprend la pollution déjà présente dans les quais et l'ajoute à l'intérieur de celle-ci", assure Jean-Baptiste Renard.
Une critique balayée par IDFM, auprès de l'AFP. Le niveau de pollution est "un peu plus faible dans les rames car l'air est ventilé", affirme Laurent Probst, le directeur général. Des mesures seront communiquées "au mois de juin" sur la qualité de l'air dans les rames par Île-de-France Mobilités.
Pour autant, sur les quais ou dans les rames, "cette pollution de l'air dans les transports souterrains s'ajoute à celle déjà très présente et que l'on respire en région parisienne. C'est ce shoot de pollution en plus, ces excès et cette variabilité qui sont défavorables pour les organismes", alerte Jean-Baptiste Renard.
D'où son conseil, comme pendant les pics de pollution en ville, de limiter les efforts physiques dans les stations ou dans les rames pour ne pas accélérer sa fréquence respiratoire et absorber davantage de particules fines.
Pour limiter son exposition à cet air pollué, Jean-Baptiste Renard conseille le port d'un masque FFP2. "Ça peut être inconfortable de le porter pendant une heure, mais ça limite les particules fines dans l'organisme", ajoute-t-il à BFMTV.com. Il suggère aux personnes fragiles, lors des pics de pollution aux particules fines, de privilégier le télétravail et de diminuer leur activité, y compris leur présence dans les transports souterrains.