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Paris Île-de-France

Émeutes à Saint-Gratien: habitants et élus divisés sur le "chantage" à la reconstruction du maire

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Après l'ultimatum du maire de Saint-Gratien appelant à connaître les noms des émeutiers pour reconstruire les bâtiments dégradés, habitants et élus d'opposition sont divisés sur cette annonce.

Près de deux semaines après le début des émeutes liées à la mort de Nahel tué par un tir de la police à Nanterre (Hauts-de-Seine), les stigmates restent visibles dans la commune de Saint-Gratien (Val-d'Oise).

Appel à la dénonciation

Dans un message publié le 30 juin sur le compte Facebook de la ville et dans une lettre adressée aux habitants du quartier des Raguenets, le maire (LR) Julien Bachard avait demandé que soient communiqués "les noms des auteurs des faits".

Cet appel à la dénonciation est conditionné à la reconstruction des lieux détruits par les émeutes, dont le centre culturel Camille-Claudel et le centre commercial des Raguenets.

"C'est une bonne idée de savoir qui a fait ça", admet une habitante du quartier au micro de BFMTV. Un autre reconnaît que le maire "a raison de ne pas vouloir reconstruire".

"Moi, je laisserai ça un certain temps, que les gens le voit et pour qu'on s'en rappelle", poursuit cet habitant au micro de BFMTV.

Pour un autre résident du quartier, "ce n'est pas la bonne solution parce que les gens ils ne vont pas parler, ils ont peur". Cette idée du maire est aussi critiquée par l'opposition au conseil municipal.

Des habitants "déjà pénalisés"

"Ne donnons pas la responsabilité aux habitants, qui sont déjà pénalisés, d'avoir en plus à débusquer les auteurs des faits alors qu'ils n'en ont aucune connaissance", dénonce Emmanuel Mikael, conseiller municipal d'opposition (Modem) qui qualifie la demande du maire de "chantage".

Pour justifier sa demande, le maire de Saint-Gratien, Julien Bachard, avait expliqué ne pas vouloir que l'ensemble des habitants de la commune paient pour la reconstruction des bâtiments vandalisés dans le quartier des Raguenets.

Contactée par BFMTV, l'association des maires d'Île-de-France explique "comprendre" la "colère de l'élu" mais ajoute que cette décision de soumettre la reconstruction à la délation des faits ne doit pas être prise par un maire.

Amaury Tremblay