Éowyn, Herminia, Ivo... Comment expliquer la succession de perturbations qui touchent la France

Tempêtes à la chaîne. Ce mercredi 29 janvier, la dépression Ivo aggrave les inondations causées par les tempêtes Éowyn et Herminia en Ille-et-Vilaine, tandis que les départements de la Loire-Atlantique et du Morbihan ont été, eux aussi, maintenus en vigilance rouge pour crues.
Le pic de crue doit y survenir soit "en fin de journée, soit d'ici demain en fonction des précipitations" de la dépression Ivo, a indiqué le chef du groupement des pompiers sud-ouest d'Ille-et-Vilaine, le lieutenant-colonel Frédéric Katuszinski.
Ces pluies, accompagnées de fortes rafales de vent balayant le nord-ouest du pays, saturent toujours plus les cours d'eau et barrages, que les tempêtes Éowyn et Herminia ont déjà fait déborder ce week-end, inondant notamment Rennes et plusieurs autres communes d'Ille-et-Vilaine.
Contraste de masses d'air sur l'Atlantique
Ce temps très perturbé s'explique donc par une succession de perturbations depuis un peu plus d'une semaine sur la France. "On a un flux d'ouest établi sur l'Atlantique", explique à BFMTV.com Frédéric Long, prévisionniste à Météo-France. Le contraste thermique est marqué sur le milieu de l'océan Atlantique et entretient un fort courant jet, "véritable rail des dépressions qui puisent leur énergie dans ces importants contrastes de températures".
Ce contraste a pu être accentué par la vague de froid qu'ont connu la semaine dernière les États-Unis: les dépressions se creusent plus facilement lors de la rencontre entre une masse d'air froid et une autre plus chaude venant des zones tropicales. "Ensuite, il suffit d'une anomalie en altitude pour permettre à une dépression de se creuser", précise Frédéric Long.

Le changement climatique intensifie les pluies
Après Éowyn et Herminia, c'est aujourd'hui une troisième dépression, plus petite, nommée Ivo, qui touche la France. Selon Frédéric Long, un tel enchaînement n'est pas si exceptionnel. "Les trois dépressions viennent du même flux, ce ne sont pas des événements complètement indépendants", souligne-t-il.
Quel rôle joue le dérèglement climatique dans tout ça? Selon le spécialiste, il n'existe pas de consensus scientifique autour de l'idée que les tempêtes deviendraient plus fréquentes ou plus puissantes. Durant une période, il y en a eu moins et depuis 10 ans, on observe une hausse de leur fréquence. "Mais il n'y a pas de tendance sur le long terme", indique Frédéric Long.
En revanche, on observe bien un effet du changement climatique sur les pluies. En effet, alors que les perturbations que connaît la France en ce mois de janvier sont très pluvieuses et le dérèglement climatique rend ces précipitations plus intenses, "même si cela ne veut pas dire que tous les hivers seront comme ça", précise Frédéric Long.
Cette situation peut notamment être due à la hausse des températures globales dans l'océan Atlantique, qui favorise les contrastes d'air et donc les épisodes de dépression. "Avec le changement climatique, les masses d'air doux remontent plus au nord qu'avant", ajoute Frédéric Long.
Année historiquement arrosée
Depuis une semaine, les perturbations qui touchent le nord-ouest de l'Hexagone sont très actives, ce qui cause d'importantes crues dans plusieurs départements, notamment l'Ille-et-Vilaine, le Morbihan et la Loire-Atlantique, que Météo-France a placé en vigilance rouge.
La Somme a rejoint dans l'après-midi ce mercredi les départements du Calvados, Maine-et-Loire, Mayenne et de l'Orne, placés eux sous vigilance orange pour les crues.
Ces inondations sont aggravées par le fait que l'année 2024 a été historiquement pluvieuse "et donc on avait des sols déjà humides qui ne peuvent pas absorber les pluies et des cours d'eau avec des niveaux déjà élevés", explique le prévisionniste Frédéric Long.