Incendies: peut-on parler d'un "méga-feu" dans le Gard?

Les images sont impressionnantes. Dans la région des Cévennes, à Bordezac, dans le Gard, un important incendie s'est déclenché jeudi aux alentours de 17 heures. 660 sapeurs-pompiers sont encore mobilisés ce vendredi matin, alors que 650 hectares ont brûlé. Les secours parlent même de "méga-feu", terme habituellement plutôt employé aux États-Unis ou en Australie, où de vastes incendies ont frappé ces grands espaces ces dernières années. Peut-on utiliser ce terme dans le cas de l'incendie touchant le Gard?
"Ce feu est, comment dire, un méga-feu", s'inquiète jeudi le commandant Tanguy Salgues, chargé de communication des pompiers du Gard, face aux flammes menaçant des milliers d'hectares dans les Cévennes.
Entre l'incendie Dixie, qui avait brûlé au moins l'équivalent de Los Angeles en Californie en 2021, ou les incendies qui ont ravagé l'Australie en 2020, les méga-feux sont tristement entrés dans le langage courant. Mais de quoi parle-t-on exactement?
Relativement récent, le terme de "méga-feu" n'est employé pour la première fois qu'en 2005 par Jerry Williams, responsable du Service américain des forêts (USFS), dans un rapport. D'après l'auteur, ce type d'incendie se caractérise par son caractère "extraordinaire" à la fois "en termes de taille, de complexité et de résistance".
Un rapport du Sénat, paru en 2019, estime de son côté qu'on parle de méga-feux dans le cas de feux à la surface et à la vitesse de propagation "exceptionnelles", causant des dommages "largement supérieurs" aux incendies courants. Il précise cependant qu'il n'existe aucune définition exacte de ce phénomène "recouvrant des réalités différentes selon les pays".
Une surface "énorme pour le Gard"
En raison du caractère assez large de la définition de méga-feux, Éric Brocardi, porte-parole de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers, met en garde face aux abus de langage.
"Il faut distinguer la partie méga-feu au sens médiatique du terme et la partie réelle, c'est-à-dire vraiment la cinétique du feu", estime-t-il sur BFMTV.
Dans le cas de l'incendie touchant actuellement le Gard, il est cependant possible de parler de "méga-feux", selon lui. Si le feu touchant les Cévennes est loin d'atteindre des chiffres records, il n'en reste pas moins anodin.
"On est sur une surface de feu parcourue de 680 hectares. C'est énorme pour une zone comme le Gard", estime-t-il.
"Incontrôlable"
"Ce n'est rien avec ce qu'il se passe aux États-Unis", concède-t-il. "Sauf que ça vient toucher les maisons, ça pousse des catastrophes aux portes des villes et des villages donc ces images peuvent prétendre à des méga-feux", ajoute-t-il.
Par ailleurs, le mode de propagation de l'incendie du Gard est similaire à celui identifié pour les méga-feux, pour le porte-parole des soldats du feu, puisqu'il s'agit "dès la naissance du feu" d'un incendie avec un "panache important" et "incontrôlable".
L'action "efficace" des pompiers peut cependant contenir le caractère de l'incendie, selon Éric Brocardi. Mais pour l'incendie actuellement en cours dans les Cévennes, le départ de feu dans une zone particulièrement escarpée complique le travail des soldats du feu.
Le feu se poursuivait en milieu de matinée dans le Gard, les habitants de Bordezac étant invité à rester confinés par la préfète. 18 pompiers ont été "légèrement blessés" au cours de leur intervention.