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Russie: un blogueur condamné à de la prison avec sursis pour avoir joué à Pokémon Go dans une église

Un blogueur russe a été condamné à de la prison avec sursis pour avoir joué à Pokémon Go dans une église. (Photo d'illustration)

Un blogueur russe a été condamné à de la prison avec sursis pour avoir joué à Pokémon Go dans une église. (Photo d'illustration) - AFP

Après avoir enregistré près de deux millions de vues sur Youtube, un blogueur russe a été condamné à trois ans de prison avec sursis, pour avoir joué à Pokémon Go dans une église orthodoxe.

Trois ans de prison avec sursis. C'est la peine prononcée par un tribunal d'Ekaterinbourg, dans l'Oural, à l'encontre d'un blogueur russe qui avait chassé des Pokémons dans une église. La vidéo, diffusée sur Youtube, avait enregistré près de deux millions de vues.

Rouslan Sokolovski, 22 ans, a été reconnu coupable "d'incitation à la haine et d'insulte à l'égard des sentiments religieux des croyants". Athée revendiqué, et ulcéré par une émission télévisée expliquant qu'il était juridiquement risqué de jouer à Pokémon Go dans une église, il avait choisi de s'y essayer l'été dernier dans la cathédrale de Ekaterinbourg, construite sur les lieux de l'exécution en 1918 du dernier tsar de Russie, Nicolas II et de sa famille.

Il s'était filmé attrapant plusieurs créatures virtuelles, y compris durant un office, avec en bande-son une musique reprenant une fausse prière ponctuée de jurons.

"Une nouvelle attaque contre la liberté d'expression"

Sa condamnation sera assortie d'une mise à l'épreuve de 3 ans durant lesquels Rouslan Sokolovski n'aura pas notamment le droit de changer d'emploi ou de résidence sans autorisation spéciale, ni de participer à des manifestations, selon la même source.

"Il ne s'agit pas de piété ou d'un effort sincère (de la justice) pour protéger la liberté de la religion en Russie (...). Il s'agit d'une nouvelle attaque lancée contre la liberté d'expression", a réagi l'ONG Amnesty International.

Pour sa part, Rouslan Sokolovski a affirmé à la presse être "content de rester en liberté". Il a également estimé que la décision judiciaire était synonyme de "quasi-acquittement". Plaidant non coupable, il avait assuré au début de son procès en mars avoir diffusé la vidéo "dans un but critique et polémique".

Accusé de blasphème

Cette affaire fait écho à celle des Pussy Riot, jeunes femmes condamnées à deux ans de prison pour une "prière punk" en 2012 contre Vladimir Poutine dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou.

Publiée le 11 août sur YouTube, la vidéo de Rouslan Sokolovski avait provoqué la colère de l'Eglise orthodoxe russe, qui accusait le blogueur de blasphème. Mais celle-ci n'est pas la seule à critiquer ce jeu aux plus de 500 millions de téléchargements.

Un jeu qui provoque colère et polémique

En août 2016, un évêque italien avait même été jusqu’à comparer Pokémon Go à "un système totalitaire proche du nazisme". Monseigneur Antonio Stagliano avait, en outre, menacé de porter plainte contre Pokémon Go, jugeant l'application "diabolique" et la qualifiant de "fabrique de cadavres ambulants".

Aux Etats-Unis, une pétition contre le jeu de réalité augmentée, lancée par une association faisant la promotion des "valeurs traditionnelles", a recueilli plus de 760.000 signatures. "Ce jeu est une distraction très dangereuse pour les enfants et les jeunes adultes", indiquait en juillet dernier le porte-parole de l’association avant de suggérer aux parents d’encourager leurs enfants à abandonner smartphones et tablettes pour des divertissements "plus sains".

Et le phénomène de rejet a aussi touché la France: en effet, le maire d’un village de l’Ain s’est élevé contre Pokémon Go en publiant un arrêté interdisant l’implantation de Pokémons sur sa commune. 

A.Mi avec AFP