"Plus proche que jamais": l'horloge de l'apocalypse n'est plus qu'à 89 secondes de la "fin du monde"

L'heure de l'horloge du Jugement dernier 2025 est affichée après la révélation de l'heure par le Bulletin of the Atomic Scientists à l'Institut de la paix des États-Unis le 28 janvier 2025 à Washington, DC. - Kayla Bartkowski / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP
Face au changement climatique, à la menace nucléaire ou à la désinformation, l'horloge de l'apocalypse, qui symbolise depuis 1947 l'imminence d'un cataclysme planétaire, a été rapprochée ce mardi 28 janvier d'une seconde du gong fatidique par le Bulletin of the Atomic Scientists. Ce groupe de scientifiques, chargé de ce projet symbolique depuis 1947, a établi le nouvel horaire à minuit moins 89 secondes.
"En 2024, l’humanité s’est rapprochée de plus en plus de la catastrophe. Les tendances qui ont profondément préoccupé le Conseil scientifique et de sécurité se sont poursuivies et, malgré des signes évidents de danger, les dirigeants nationaux et leurs sociétés n’ont pas réussi à faire le nécessaire pour changer de cap", affirme le Conseil scientifique et de sécurité dans son communiqué.
"L'horloge de l'apocalypse - qui évoque les menaces existentielles auxquelles nous sommes confrontés - est plus proche de la catastrophe qu'elle ne l'a jamais été dans son histoire", a déclaré à l'AFP l'ancien président colombien Juan Manuel Santos, à la tête de The Elders, un groupe d'anciens dirigeants, lors d'une conférence de presse à Washington.
Le nouveau réglage de l'horloge intervient une semaine après l'investiture de Donald Trump, qui a déjà fait voler en éclats les normes en matière de coopération internationale.
Guerre en Ukraine, phénomènes météorologiques extrêmes...
Est pointé du doigt le risque nucléaire plus que jamais prégnant en raison de la guerre en Ukraine: un conflit qui "pourrait devenir nucléaire à tout moment, par une décision hâtive, par accident ou par erreur de calcul". Les scientifiques évoquent aussi le conflit au Moyen-Orient qui pourrait "dégénérer en une guerre plus vaste" et un "processus de contrôle des armes nucléaires" qui "s’effondre".
Les experts ont aussi mis en garde contre l'aggravation de l'impact du changement climatique sur la planète, après une nouvelle année record de températures élevées et des phénomènes météorologiques extrêmes qui ont "touché tous les continents".
Le Bulletin of the Atomic Scientists déplore que le changement climatique soit "considéré comme une priorité secondaire aux États-Unis et dans de nombreux autres pays".
L'ancien président colombien Juan Manuel Santos a également appelé à des "actions urgentes" pour lutter contre la désinformation "et les amplifications des théories du complot qui sont devenues tellement répandues dans notre monde hyperconnecté".
"Cette montée alarmante de la méfiance est alimentée en grande partie par l'utilisation malveillante et imprudente de nouvelles technologies que nous ne comprenons pas encore tout à fait", a-t-il ajouté.
"Dans son communiqué", les scientifiques alertent sur "les maladies émergentes et réémergentes continuent de menacer l’économie, la société et la sécurité mondiale".
"Sauver le monde du gouffre"
En conclusion, le groupe de scientifiques appelle particulièrement les États-Unis, la Chine et la Russie, qui "ont le pouvoir collectif de détruire la civilisation" à une "action immédiate" pour "sauver le monde du gouffre", en menant "sérieusement des discussions de bonne foi".
L'horloge avait été modifiée pour la dernière fois en 2023. Elle avait alors été avancée de 10 secondes pour s'établir à minuit moins 90 secondes, après l'invasion en février 2022 de l'Ukraine par la Russie, dotée de l'arme nucléaire.
Parfois nommé horloge de la fin du monde, cet indicateur métaphorique avait été créé en 1947 face à la montée du péril nucléaire et la montée des tensions entre les deux blocs pendant la Guerre froide. L'année de sa création, l'horloge avait été réglée à minuit moins sept minutes. C'est en 1991, année de la fin de la Guerre froide, que l'horloge a le plus reculé pour s'établir à minuit moins 17 minutes.
Depuis, les membres de cette organisation basée à Chicago ont élargi les critères pour inclure, par exemple, les pandémies, la crise climatique ou les campagnes étatiques de désinformation.