Une enquête sur les massacres commis en mars en Syrie fait état de 1.426 morts

Une manifestation de masse dans la ville de Qamishli, au nord-est de la Syrie, le 11 mars 2025, pour protester contre une récente vague de violence sectaire visant la minorité alaouite de Syrie dans l'ouest du pays, le long de la côte méditerranéenne. (Photo d'illustration) - Photo par DELIL SOULEIMAN / AFP
Un bilan qui s'est alourdi. La commission nationale d'enquête sur les violences en mars contre la minorité alaouite en Syrie a indiqué, ce mardi 22 juillet, avoir identifié 298 suspects impliqués dans ces exactions qui ont fait au moins 1.426 morts.
Ces conclusions interviennent après une nouvelle effusion de sang qui a visé la communauté druze, mettant en doute la capacité des autorités à contenir les tensions confessionnelles et à rétablir la sécurité dans le pays plus de sept mois après la chute de l'ancien pouvoir qui se posait en protecteur des minorités.
Les violences à caractère confessionnel survenues en mars dernier sur la côte syrienne ont fait quelque 1.700 morts, l'écrasante majorité étant issue de la minorité alaouite à laquelle appartient la famille de l'ex-président déchu Bachar al-Assad, selon un bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
"La commission a identifié 298 personnes nommément impliquées dans les violences", a déclaré son porte-parole, Yasser al-Farhan, lors d'une conférence de presse à Damas, précisant qu'il s'agit d'"un nombre provisoire".
Torture, pillages et meurtres
La commission a également constaté "de graves violations contre les civils les 7, 8 et 9 mars, notamment des meurtres, des meurtres prémédités, des pillages et des incendies de maisons, des tortures et des insultes à caractère confessionnel". Elle a pu confirmer les noms de 1.426 personnes tuées parmi lesquelles 90 femmes, la plupart étant des civils issus de la communauté alaouite dans la région côtière, faisant état de victimes supplémentaires dont l'identité n'a pu être confirmée.
La commission indique avoir fondé son rapport sur plus de 30 visites de terrain, des rencontres avec des dizaines de personnes dans les villes et villages où les exactions ont eu lieu, ainsi que sur les témoignages de centaines de victimes et de témoins et des responsables gouvernementaux.
Damas a accusé les partisans armés de l'ex-président Assad d'avoir déclenché les violences en attaquant les nouvelles forces de sécurité, qui ont lancé une contre-offensive.
Des massacres à caractère confessionnel
Selon la commission, 238 membres des forces de sécurité et de l'armée ont été tués dans les provinces de Lattaquié, Tartous et Hama lors de ces violences. Les autorités ont ensuite envoyé des renforts dans la région, le comité estimant leur nombre à 200.000 combattants.
D'après l'OSDH, ces forces, appuyées par des groupes paramilitaires, ont commis des massacres et des "exécutions sommaires", faisant près de 1.700 morts parmi les civils, majoritairement alaouites. Des ONG syriennes et internationales font état de massacres à caractère confessionnel, dans lesquels des familles entières ont péri, y compris des femmes, des enfants et des personnes âgées. Certains combattants se sont filmés en train d'exécuter des civils à bout portant, après les avoir insultés et battus.
La commission d'enquête, créée le 9 mars par le président intérimaire syrien, Ahmad al-Chareh, devait initialement remettre ses conclusions en avril dernier, mais son mandat a été prorogé de trois mois le 10 avril.
Plusieurs organisations de défense des droits humains ont récemment exhorté les autorités syriennes à publier l'intégralité des conclusions de l'enquête et à garantir que les responsables soient traduits en justice.
Le rapport de cette commission, remis à Ahmad al-Chareh le dimanche 13 juillet 2025, intervient quelques jours après de nouvelles violences dans la province de Soueida (sud), à majorité druze, qui ont fait plus de 1.200 morts, selon l'OSDH, en grande majorité des druzes.