Daesh exécute une journaliste qui décrivait la vie sous le joug de l’EI

Ruqia Hassan Mohammed, une journaliste activiste, a été exécutée par Daesh - Facebook
"Quand Daesh me tuera, je garderai ma dignité. C’est mieux que de vivre sous l’humiliation de l’EI", affirmait Ruqia Hassan Mohammed. La jeune femme, journaliste citoyenne, décrivait les conditions de vie à Raqqa, une ville à 200 km à l’est d’Alep, en Syrie, tombée entre les mains de Daesh en 2013. Agée de 30 ans, elle a été exécutée par les jihadistes de l’organisation terroriste en septembre dernier, selon The Independent.
Daesh s'approprie son compte Facebook
Le groupe de journalistes activistes "Raqqa is being slaughtered silently" (RBSS, pour Raqqa se fait massacrer en silence) rapporte à The Independent que les jihadistes installés à Raqqa ont ensuite laissé le compte Facebook de Ruqia ouvert pendant plusieurs mois, afin de tromper ses contacts et repérer d’éventuels opposants au joug islamiste.
Ruqia Hassan Mohammed, qui se faisait aussi appeler Nisan Ibrahim, témoignait des conditions de vie à Raqqa et critiquait Daesh. Dans son dernier post Facebook datant du 21 juillet 2015, elle réagissait à l’interdiction du wifi prononcée par les jihadistes. "Allez-y, coupez Internet, notre pigeon voyageur ne s’en plaindra pas".
"Chaque jour ils interdisent"
Elle aurait été enlevée par Daesh en août. La jeune femme affirmait d’ailleurs, selon Abu Mohammed, le fondateur de RBSS, qui présente cette déclaration comme les derniers mots que la jeune femme lui ait adressés:
"Je suis à Raqqa et je reçois des messages de mort. Quand Daesh m’arrêtera et me tuera, ça ira. Ils vont me décapiter mais je conserverai ma dignité, c’est mieux que de vivre sous l’humiliation de l’EI".
Raqqa est sortie du joug de Bachar al-Assad en 2013, deux ans après le début de la révolution syrienne. D’abord entre les mains d’al-Nosra, elle passe ensuite quelques mois entre celles de Daesh qui en fait sa capitale. Dans cette ville, "chaque jour ils interdisent", décrivait Ruqia Hassan Mohammed.
Des exécutions d'opposants en série
En décembre 2014, Daesh a ainsi exécuté 100 de ses combattants étrangers qui tentaient de quitter la ville. En octobre dernier, deux journalistes activistes opposants à Daesh, ont été retrouvés décapités dans le sud de la Turquie. Plus récemment, le 27 décembre dernier, c’est le réalisateur Naji Jerf qui a été tué par balles dans une rue de Gaziantep, en Turquie.
Ruqia Hassan Mohammed avait étudié la philosophie à Alep avant de rejoindre l’opposition à Bachar al-Assad. Elle était restée à Raqqa après la prise de la ville par al-Nosra.