Camions, distribution, colère de pays occidentaux... Ce que l'on sait de l'entrée "limitée" de l'aide humanitaire à Gaza

"Deux millions de personnes sont affamées" à Gaza. C'est le constat de l'Organisation mondiale de la santé, depuis le blocus de l'aide humanitaire instauré dans l'enclave palestinienne par le gouvernement du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, depuis le 2 mars.
Seulement, dimanche, le dirigeant israélien a annoncé que son pays allait autoriser l'entrée d'une "quantité de base de nourriture destinée à la population". En parallèle, ce dernier a affirmé qu'il allait "prendre le contrôle de toute" la bande de Gaza.
En attendant l'ultime attaque de l'armée israélienne sur le territoire, plusieurs pressions diplomatiques et associatives ont poussé pour autoriser une reprise de l'aide humanitaire dans le territoire.
• Plusieurs camions d'aide alimentaire autorisés à entrer
Ce lundi 19 mai, le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher, a annoncé l'envoi de neuf camions d'aide humanitaire des Nations unies dans la bande de Gaza pour les 2,4 millions d'habitants, après 11 semaines de blocage. Israël a de son côté dit avoir reçu cinq camions. Une aide, qui arrive comme une "goutte d'eau dans l'océan", a cependant déploré Tom Fletcher.
"Les quantités limitées désormais autorisées à entrer à Gaza ne remplacent bien entendu pas un accès sans entrave aux civils dans le besoin", a-t-il insisté, rappelant que l'ONU avait un plan pour fournir de l'aide à large échelle dans le territoire palestinien. L'organisation avait ainsi expliqué la semaine dernière avoir des camions chargés de 171.000 tonnes de nourriture en attente de pouvoir entrer.
"160.000 palettes d’aide des Nations unies et des partenaires humanitaires (soit environ 8.900 camions)" sont prêts à entrer dans Gaza, selon un communiqué datant de vendredi de l'ONU.
De son côté, Israël a annoncé qu'il faciliterait "dans les jours à venir", "l'entrée de dizaines de camions d'aide" avec de la nourriture pour bébés pour éviter "une famine dans" l'enclave.
Pour superviser l'entrée de cette aide, Washington a annoncé qu'une nouvelle "fondation" serait chargée de superviser la distribution de l'aide dans le territoire palestinien. Les États-Unis ont par ailleurs affirmé qu'Israël ne participerait pas à leur plan de distribution d'aide alimentaire.
Le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, relayé par Le Monde, a souligné ce lundi qu’"aucune aide n’a été récupérée" du côté de Gaza en raison de la tombée de la nuit sur l'enclave palestinienne et des "conditions de sécurité".
• Deux mois de blocus d'aide et de famine
Nourriture, eau potable, carburant médicaments... Depuis le 2 mars, pas une seule entrée d'aide alimentaire n'est arrivée à Gaza, provoquant des situations graves de malnutrition et de famine dans l'enclave dévastée par un an et demi de guerre.
Selon un rapport de l'Unicef publié le 12 mai, 71.000 enfants et plus de 17.000 mères auront besoin d’une prise en charge urgente contre la malnutrition aiguë, notamment à cause du blocus humanitaire.
De nombreuses associations se sont insurgées de la situation. À commencer par Human Rights Watch qui a accusé jeudi dernier Israël d'avoir fait du blocus dans la bande de Gaza "un outil d'extermination".
"Le plan du gouvernement israélien visant à démolir ce qui reste des infrastructures civiles de Gaza et à concentrer la population palestinienne dans une zone minuscule constituerait une escalade abjecte de ses crimes contre l'humanité en cours, de son nettoyage ethnique et de ses actes de génocide", a aussi souligné l'association.
"Environ 13.000 kits de vêtements pour enfants attendent ainsi d’entrer à Gaza", a également souligné un communiqué de l'ONU.
Pour Médecins sans Frontières, il s'agit d'une "éradication des Palestiniens", à travers "une crise absolument massive dont les conditions ont été mises en place par Israël".
L'attaque terroriste du Hamas du 7-Octobre, qui a tué au moins 1.200 personnes, a déclenché ces représailles israéliennes, qui ont fait au moins 52.787 morts à Gaza, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
• Les dirigeants s'indignent face aux actes de Netanyahu
Face à une aide limitée de la distribution alimentaire, vingt-deux pays, dont la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, le Canada, le Japon et l'Australie, ont exigé d'Israël une "reprise complète de l'aide à la bande de Gaza, immédiatement", demandant qu'elle soit organisée par les Nations unies et les ONG.
Ils jugent "tout à fait insuffisante" l'annonce de l'accès octroyé à "une quantité minimale de nourriture" et demandent "au gouvernement israélien d'arrêter ses opérations militaires à Gaza et d'autoriser immédiatement l'entrée de l'aide humanitaire".
Keir Starmer, Mark Carney et Emmanuel Macron ont également condamné "le langage odieux utilisé récemment par des membres du gouvernement israélien et la menace agitée d'un déplacement forcé des civils confrontés à la destruction désespérante de Gaza".
Les 22 pays menacent aussi de "mesures ciblées" si Israël ne met pas fin aux "implantations qui sont illégales et compromettent la viabilité d'un État palestinien".
Même son de cloche pour les organisations humanitaires qui "ne peuvent pas soutenir" le nouveau modèle pour la livraison de l'aide à ce territoire palestinien décidé par le gouvernement israélien, ont écrit les services diplomatiques de ces pays dans une déclaration commune transmise par le ministère allemand des Affaires étrangères.
Ce lundi encore, 91 personnes à Gaza ont été tuées dans des frappes israéliennes selon la défense civile.