Liban: Daesh revendique le double-attentat au sud de Beyrouth

Deux explosions simultanées se sont produites jeudi en fin d'après-midi dans un fief du Hezbollah en banlieue sud de Beyrouth faisant 41 morts. Le ministre de la Santé Waël Abou Faour a fait état de plus de 200 blessés, dont "beaucoup dans un état critique". Le Premier ministre Tammam Salam a annoncé une journée de deuil national vendredi après l'attentat qui n'a pas été revendiqué dans l'immédiat.
Quelques heures après ce double attentat suicide, l'Etat islamique a revendiqué cet acte dans un communiqué. Daesh affirme dans un communiqué avoir "réussi à faire exploser une motocyclette piégée garée contre un rassemblement de 'rafida' (terme péjoratif désignant les chiites) à Bourj al-Barajné (...) Après que des apostats sont accourus sur les lieux de l'attentat, un de nos combattants a fait détoner sa ceinture explosive au milieu du groupe".
Selon la police, deux hommes à pied ont fait détoner leurs ceintures explosives devant un centre commercial de la rue al-Hussiniyé, du quartier de Bourj al-Barajné. L'armée a affirmé avoir trouvé "mort" un troisième "terroriste" qui n'a pas pu faire exploser sa ceinture. Ce double attentat s'est déroulé vers 18 heures, heure locale. Un acte qualifié "d'abject" par François Hollande dans la soirée.
"Fin du monde"
Le photographe de l'AFP a vu des corps ensanglantés dans des magasins pulvérisés et des flaques de sang au milieu de voitures détruites. Des secouristes et des civils transportaient des blessés. Les forces de sécurité tentaient de boucler la rue où se trouvent de nombreux magasins et étals dans la rue.
"Je venais d'arriver dans la rue quand l'explosion a eu lieu. J'ai transporté moi-même trois femmes et un de mes amis morts" dans les attaques, a dit Zein al-Abdine Khaddam à une télévision locale. Un autre témoin, qui n'a pas donné son nom, a lancé: "quand la seconde explosion s'est produite, j'ai cru que c'était la fin du monde".
Soutien à Bachar al-Assad
Il s'agit de la première attaque contre le fief du Hezbollah chiite depuis juin 2014. Un agent de sécurité avait alors été tué en empêchant un attentat à la voiture piégée. Auparavant une dizaine d'autres attaques avaient endeuillé des bastions du Hezbollah à travers le Liban entre juillet 2013 et février 2014, la plupart revendiqués par des groupes extrémistes sunnites.
Ceux-ci avaient présenté leurs attaques comme une "vengeance" à la décision du Hezbollah d'envoyer des milliers de ses hommes combattre en Syrie au côté du régime de Bachar al-Assad contre les rebelles et les jihadistes, en grande majorité des sunnites. Il y a moins d'un mois, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a de nouveau défendu son implication auprès du régime Assad, son allié, en parlant d'"une bataille essentielle et décisive".
La présence du Hezbollah en Syrie "est plus importante que jamais --qualitativement, quantitativement et en matière d'équipement", a-t-il ajouté. "Sans la persévérance au sol face à Daech et ses alliés... qu'en serait-il de la région aujourd'hui, en Irak, en Syrie et au Liban?", a-t-il conclu.