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Moyen-Orient

Journée de deuil national au Liban après un double attentat meurtrier de Daesh

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Un double attentat jeudi au sud de Beyrouth a fait 43 morts et 239 blessés, selon un dernier bilan de la Croix-Rouge libanaise vendredi. L'attaque, revendiquée par Daesh, est l'une des plus meurtrières au Liban depuis la fin de la guerre civile en 1990.

Le bilan ne cesse de s'alourdir. Au moins 43 personnes ont péri et 239 autres ont été blessées jeudi -selon un nouveau bilan fourni par la Croix-Rouge libanaise vendredi- dans un double attentat contre un fief du Hezbollah chiite au sud de Beyrouth, revendiqué par le groupe jihadiste sunnite Daesh (l'acronyme en arabe de l'Etat islamique ou EI), deux organisations qui se font la guerre en Syrie voisine.

Un précédent bilan faisait état de 41 morts et 181 blessés.

Il s'agit de l'attaque la plus sanglante contre un bastion du Hezbollah depuis son implication début 2013 dans le conflit en Syrie au côté du régime, et l'une des plus meurtrières au Liban depuis la fin de la guerre civile (1975-1990). Sur les lieux de l'attaque, le ministre de la Santé Waël Abou Faour a affirmé que de nombreux blessés étaient dans un état critique.

En fin d'après-midi, deux hommes ont successivement fait détoner leurs ceintures explosives dans une rue commerçante bondée du quartier de Bourj al-Barajné, selon l'armée qui a aussitôt bouclé le secteur. Un troisième "terroriste" qui n'a pu faire exploser sa ceinture a été retrouvé mort, a-t-elle ajouté.

Des corps ensanglantés pouvaient être vus dans des magasins pulvérisés et des flaques de sang au milieu de voitures détruites après les explosions. Des secouristes et des civils évacuaient les blessés.

Attaque revendiquée par Daesh

La double attaque a été revendiquée par le groupe extrémiste Daesh qui a dans un communiqué parlé de deux attaques mais d'un seul kamikaze. "Des soldats du califat ont réussi à faire exploser une motocyclette piégée garée contre un rassemblement de 'rafida'", terme péjoratif désignant les chiites, et "après que des apostats sont accourus sur les lieux, un des chevaliers du martyre a fait détoner sa ceinture explosive au milieu du groupe", a indiqué Daesh.

La revendication n'a pu être authentifiée mais le texte est conforme au format habituel des revendications du groupe extrémiste qui n'a pas mentionné le conflit en Syrie dans son communiqué.

Il s'agit du premier attentat contre un fief du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth depuis juin 2014, lorsqu'un agent de sécurité avait été tué en empêchant une attaque. Auparavant, une série d'attaques avaient endeuillé des fiefs du Hezbollah au Liban.

"Je venais d'arriver dans la rue quand l'explosion a eu lieu. J'ai transporté moi-même trois femmes et un de mes amis morts" dans les attaques, a dit Zein al-Abdine Khaddam à une télévision locale. Un autre témoin, qui n'a pas donné son nom, a lancé: "quand la seconde explosion s'est produite, j'ai cru que c'était la fin du monde".

Journée de deuil national

Le Premier ministre Tammam Salam a annoncé une journée de deuil national vendredi, avec notamment la fermeture des écoles publiques et privées, alors que les familles se préparaient à enterrer leurs morts.

Le président français François Hollande a exprimé son "effroi" et son "indignation", dénonçant un "acte abject". Washington a également condamné le double attentat suicide, évoquant des "actes terroristes horribles". Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a parlé "d'acte méprisable" et appelé les Libanais à "continuer de travailler à préserver la sécurité et la stabilité" du pays.

Entre juillet 2013 et février 2014, il y a eu neuf attaques contre les fiefs du Hezbollah ou des régions fidèles à ce mouvement, la plupart revendiquées par des groupes extrémistes sunnites. Ceux-ci avaient présenté leurs attaques comme une "vengeance" à la décision du Hezbollah d'envoyer des milliers de ses hommes combattre en Syrie au côté du régime de Bachar al-Assad contre les rebelles et les jihadistes, en grande majorité des sunnites.

Il y a moins d'un mois, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah avait de nouveau défendu son combat en Syrie auprès du régime Assad, en parlant d'"une bataille essentielle et décisive". La présence du Hezbollah en Syrie "est plus importante que jamais -qualitativement, quantitativement et en matière d'équipement", a-t-il ajouté. "Sans la persévérance au sol face à Daesh et ses alliés... qu'en serait-il de la région aujourd'hui, en Irak, en Syrie et au Liban?" a-t-il poursuivi, utilisant un acronyme en arabe de l'EI qui occupe la moitié du territoire syrien.

D'après le dernier bilan donné par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), 971 membres du Hezbollah ont trouvé la mort en Syrie.

la rédaction avec AFP