"Totale désapprobation", "escalade dangereuse": le plan israélien de contrôle de Gaza dénoncé par la communauté internationale

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, lors de l'ouverture de la 58e session du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies à Genève, le 24 février 2025. (Photo d'illustration) - Fabrice COFFRINI / AFP
Le plan du gouvernement israélien, présenté par Benjamin Netanyahu pour "vaincre" le Hamas dans la bande de Gaza, a été largement dénoncé par des instances internationales et gouvernements, depuis l'annonce ce jeudi 7 août.
L'armée israélienne "se prépare à prendre le contrôle de la ville de Gaza", a indiqué le communiqué des bureaux du Premier ministre israélien. Une déclaration qui a provoqué l'ire du Hamas, qui dénonce "un nouveau crime de guerre" et déclare que cette décision signifie le "sacrifice" des otages.
En réaction, plusieurs pays ont demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité des Nations Unies, tandis que le chef de l'ONU, Antonio Guterres, a mis en garde contre "une escalade dangereuse".
"Immédiatement stoppé"
Le plan du gouvernement israélien "visant à une prise de contrôle militaire complète de la bande de Gaza occupée doit être immédiatement stoppé", a déclaré le Haut-Commissaire aux droits de l'homme Volker Türk dans un communiqué, ce vendredi.
Cette décision "va à l'encontre de la décision de la Cour internationale de justice selon laquelle Israël doit mettre fin à son occupation dès que possible, de la réalisation de la solution à deux Etats convenue et du droit des Palestiniens à l'autodétermination", a-t-il ajouté.
"Une faillite diplomatique"
Au sein de l'opposition israélienne, Yaïr Lapid a fustigé, sur X, une "catastrophe qui va entraîner beaucoup d'autres catastrophes", amener "la mort des otages, celle de nombreux soldats, coûter des dizaines de milliards aux contribuables israéliens et (provoquer) une faillite diplomatique".
Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a écrit ce vendredi soir sur X: "La France condamne fermement le plan."
Il ajoute: "Une telle opération aggraverait une situation déjà catastrophique sans permettre la libération des otages du Hamas, son désarmement et sa reddition."
Si aucune réaction n'a été partagée, à ce jour, par Emmanuel Macron, plusieurs chefs d'État étrangers ou représentants ont fait part de leur opposition au projet.
Le président du Conseil européen, Antonio Costa, estime qu'une "telle décision doit avoir des conséquences sur les relations UE-Israël, qui seront évaluées par le Conseil". Il appelle ainsi Israël à "reconsidérer sa décision".
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a appelé Israël à "revenir" sur son plan pour Gaza. "Un cessez-le-feu est nécessaire immédiatement", a-t-elle affirmé.
Le Premier ministre britannique Keir Starmer a qualifié vendredi d"erreur" et a exhorté le gouvernement de Benjamin Netanyahu à le "reconsidérer immédiatement". Ajoutant: "Cette action ne contribuera en rien à mettre fin au conflit ni à obtenir la libération des otages. Elle ne fera qu'engendrer davantage de massacres."
L'Allemagne suspend l'exportatons d'armes vers Israël
Plusieurs pays ont accompagné ces condamnations d'actions. La Belgique a annoncé convoquer l'ambassadrice d'Israël. "L'objectif est clairement de témoigner de notre totale désapprobation quant à cette décision", a affirmé le ministre belge des Affaires étrangères, Maxime Prévot.
Le chancelier allemand Friedrich Merz a, lui, annoncé la suspension des exportations d'armes qu'Israël pourrait utiliser à Gaza. Il devient "de plus en plus difficile de comprendre" en quoi le plan militaire israélien permettrait d'atteindre ses objectifs dans la bande de Gaza et, "dans ces circonstances, le gouvernement allemand n'autorise pas, jusqu'à nouvel ordre, les exportations d'équipements militaires susceptibles d'être utilisés dans la bande de Gaza", a déclaré Friedrich Merz, cité dans un communiqué.
"Gaza appartient au peuple palestinien"
La Turquie a exhorté vendredi la communauté internationale à "empêcher" la mise en oeuvre de ce plan. "Nous appelons la communauté internationale à assumer ses responsabilités en vue d'empêcher la mise en oeuvre de cette décision, qui vise à déplacer de force les Palestiniens de leur propre terre en rendant Gaza inhabitable", écrit le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué.
La Chine a exprimé, de son côté, sa "grave inquiétude", exhortant Israël à "cesser immédiatement ses actions dangereuses". "Gaza appartient au peuple palestinien et fait partie intégrante du territoire palestinien", a déclaré un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères dans une réponse écrite à l'AFP.
Le ministère saoudien des Affaires étrangères, sur X, accuse Israël de provoquer "la famine" et le "nettoyage ethnique" dans le territoire palestinien. Ryad "condamne dans les termes les plus forts la décision des autorités d'occupation israéliennes d'occuper la bande de Gaza".
La décision du cabinet "signifie abandonner les otages, tout en ignorant complètement les avertissements répétés de la direction militaire et la volonté claire de la majorité du public israélien", a déploré le Forum des familles, principale organisation des proches d'otages israéliens.