Désaccord sur la trêve: Israël annonce suspendre l'entrée de marchandises dans Gaza, le Hamas dénonce un "crime de guerre"
Des sinistrés au milieu des débris à Jabaliya, dans la bande de Gaza, le 20 janvier 2025 - Omar AL-QATTAA / AFP
Israël a annoncé ce dimanche 2 mars suspendre l'entrée de marchandises et d'approvisionnements dans la bande de Gaza, une décision qualifiée par le Hamas de "crime de guerre".
Israël reproche au Hamas son refus d'une proposition américaine d'extension de la trêve et menace d'"autres conséquences" en cas de désaccord persistant. "Le Premier ministre (Benjamin) Netanyahu a décidé que, dès ce matin, toute entrée de marchandises et d'approvisionnements dans la bande de Gaza serait suspendue", indique un communiqué de son bureau. "Israël n'acceptera pas de cessez-le-feu sans libération de nos otages", ajoute le texte. "Si le Hamas persiste dans son refus, il y aura d'autres conséquences."
De son côté, le mouvement islamiste palestinien a déclaré dans un communiqué que la suspension de l'aide humanitaire était "un chantage mesquin, un crime de guerre et une violation flagrante de l'accord" de trêve de la part d'Israël. Le Hamas a appelé "les médiateurs et la communauté internationale (à) faire pression" sur Israël pour qu'il fasse machine arrière, alors que la bande de Gaza est confrontée à une catastrophe humanitaire depuis plusieurs mois.
Blocage sur la poursuite du cessez-le-feu
Un peu avant ces annonces, le Hamas avait exigé le démarrage de la deuxième phase du cessez-le-feu dans la bande de Gaza, qui doit en principe avoir lieu dimanche mais qu'Israël refuse d'appliquer, préférant un plan de dernière minute d'extension de la trêve jusque mi-avril proposé par les États-Unis face au blocage des négociations.
"Israël adopte le plan de l'envoyé du président américain Steve Witkoff pour un cessez-le-feu temporaire pour les périodes du ramadan" devant s'achever fin mars "et de Pessah", la pâque juive, qui sera célébrée à la mi-avril, a annoncé le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu dans un communiqué publié après minuit. Israël est prêt à entamer "immédiatement" des négociations "sur tous les détails du plan Witkoff" avec le Hamas, a-t-il ajouté.
"La récente déclaration du bureau de Netanyahu confirme clairement que l'occupant ne cesse de se soustraire aux accords qu'il a signés", a fustigé le dirigeant du Hamas Mahmoud Mardaoui dans une déclaration transmise à l'AFP.
"La seule façon de parvenir à la stabilité dans la région et au retour des prisonniers est d'achever la mise en œuvre de l'accord (...) en commençant par la mise en œuvre de la deuxième phase", qui prévoit la fin définitive de la guerre et la libération de tous les otages, a-t-il poursuivi. "C'est ce sur quoi nous insistons et nous ne reculerons pas".
Selon le bureau de Benjamin Netanyahu, Steve Witkoff a formulé sa proposition après avoir constaté que les positions du Hamas et d'Israël étaient impossibles à rapprocher dans l'immédiat. Son plan prévoit la remise immédiate à Israël par le mouvement islamiste palestinien de "la moitié des otages, morts et vivants", et le reste à la fin de la trêve, si un accord est trouvé pour un cessez-le-feu permanent.
Une trêve en plusieurs phases
Arraché par les États-Unis, le Qatar et l'Égypte après des mois de négociations ardues et entré en vigueur le 19 janvier, l'accord de cessez-le-feu a fait taire les armes après quinze mois d'une guerre sanglante déclenchée par l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023. Cet accord comprend trois phases d'une durée de 42 jours chacune.
Lors de la première phase, au cours de laquelle la trêve s'est retrouvée plusieurs fois au bord de la rupture, le Hamas a libéré 25 otages et rendu les corps de huit autres à Israël, qui en échange a libéré environ 1.800 détenus palestiniens. La deuxième phase doit en principe commencer dimanche et permettre la libération des derniers otages du Hamas et de plusieurs centaines de prisonniers palestiniens. Enfin, une troisième phase devrait être consacrée à la reconstruction de la bande de Gaza.
Jusque-là, le Hamas a campé sur son refus de discuter d'autre chose que d'une mise en œuvre de la deuxième phase, censée garantir le retrait des troupes israéliennes de Gaza. Israël refuse pour sa part de s'engager dans cette deuxième phase, disant préférer une extension de la phase actuelle avec de nouvelles libérations d'otages contre des prisonniers palestiniens chaque semaine.
Israël exige que Gaza soit complètement démilitarisée et le Hamas éliminé. Le mouvement islamiste, qui a pris le pouvoir dans le territoire en 2007, insiste pour y rester. Un blocage qui a fait craindre une reprise de la guerre.