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Benjamin Netanyahu en visite en Hongrie malgré le mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale

Benjamin Netanyahu et Viktor Orban à Budapest, en Hongrie, le 18 juillet 2017. (Photo d'archive)

Benjamin Netanyahu et Viktor Orban à Budapest, en Hongrie, le 18 juillet 2017. (Photo d'archive) - KAROLY ARVAI / HUNGARIAN PRIME MINISTER'S OFFICE / POOL / AFP

Visé depuis novembre dernier par un mandat d'arrêt de la CPI, le Premier ministre israélien est arrivée dans la nuit de mercredi à jeudi à Budapest. Quelques heures après son arrivée, la Hongrie a annoncé se retirer de la Cour.

Benjamin Netanyahu a honoré l'invitation de Viktor Orban. Le Premier ministre israélien est arrivé ce jeudi 3 avril en Hongrie et bravé ainsi le mandat d'arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI). Quelques heures plus tard, Budapest est allé plus loin en annonçant son retrait de la CPI par le biais du directeur de cabinet de Viktor Orban.

"Bienvenue à Budapest!", a écrit sur Facebook le ministre de la Défense Kristof Szalay-Bobrovniczky, venu accueillir dans la nuit le dirigeant sur le tarmac de l'aéroport de Budapest.

Il entame une visite de plusieurs jours, la première en Europe depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023. Après les honneurs militaires au palais présidentiel, Benjamin Netanyahu sera reçu dans la matinée par son homologue pour des discussions puis une conférence de presse vers 12h30.

L'occasion de rallier le soutien hongrois au plan du président américain Donald Trump, qui prévoit de prendre le contrôle de la bande de Gaza et d'en expulser ses habitants. Toutefois la portée de ce déplacement est surtout symbolique.

Une "décision honteuse" pour Orban

Après l'annonce en novembre 2024 par la CPI du mandat d'arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité dans la bande de Gaza, Benjamin Netanyahu est allé aux États-Unis mais jamais encore dans un État partie de la juridiction basée à La Haye. "Son but ultime est de retrouver la capacité de voyager où il veut", commente pour l'AFP Moshe Klughaft, consultant et ancien conseiller du dirigeant israélien.

A travers cette visite "dans un pays où il ne craint pas d'être arrêté, il ouvre la voie à la normalisation de ses futurs déplacements", peut-être par exemple en Allemagne où le futur chancelier Friedrich Merz a garanti qu'il pourrait venir sans être inquiété.

Viktor Orban l'a lui invité dès la nouvelle de la CPI connue, se disant "choqué par une décision honteuse". En retour, Benjamin Netanyahu a salué la "clarté morale" de la Hongrie.

Contactée par l'AFP, la juridiction a rappelé "l'obligation légale" de Budapest et sa "responsabilité envers les autres États parties" pour exécuter les décisions.

"En cas d'inquiétudes sur leur coopération avec la Cour, les États peuvent la consulter", souligne son porte-parole Fadi El Abdallah. "Mais il ne leur appartient pas de déterminer unilatéralement le bien-fondé des décisions juridiques de la CPI".

Un retrait de la Hongrie de la CPI

La Hongrie a bien signé en 1999 le Statut de Rome, traité fondateur de la CPI, ratifié deux ans plus tard, au cours du premier mandat de Viktor Orban. Mais elle n'a pas validé la convention associée pour des raisons de constitutionnalité et affirme donc ne pas être obligé de se conformer aux décisions de la Cour internationale.

Fondée en 2002, la Cour compte aujourd'hui 125 membres et a pour mission de poursuivre les auteurs des crimes les plus graves commis dans le monde, lorsque les pays n'ont pas la volonté ou la capacité de le faire eux-mêmes. A ce jour, seuls deux États ont claqué la porte, le Burundi et les Philippines.

Après avoir régulièrement émis l'idée de quitter une institution jugée "politiquement biaisée", le gouvernement hongrois a donc franchi le pas, dans le sillage de Donald Trump qui a imposé en février des sanctions à la Cour pour ce qu'il a qualifié d'"actions illégitimes et sans fondement visant l'Amérique et notre proche allié Israël".

Netanyahu pris dans des turbulences en Israël

Benjamin Netanyahu s'absente de Jérusalem à un moment de fortes turbulences internes alors qu'il est engagé dans un bras de fer avec la Cour suprême, qui a gelé la décision du gouvernement de limoger l'actuel chef du Shin Bet.

Par ailleurs, deux de ses conseillers sont actuellement en garde à vue dans une affaire surnommée "Qatargate" par les médias israéliens. Ils sont soupçonnés d'avoir reçu des fonds du Qatar pour promouvoir les intérêts en Israël de l'émirat du Golfe, hôte de dirigeants du Hamas et médiateur entre Israël et le mouvement islamiste palestinien.

Une "chasse aux sorcières" selon Benjamin Netanyahu qui a lui-même été entendu lundi par la police. Ce séjour en Hongrie lui donne opportunément la possibilité de "contrôler l'agenda israélien" pendant plusieurs jours, estime Moshe Klughaft, son retour étant prévu dimanche.

V.G. avec AFP