"La Hongrie quitte la CPI": Budapest annonce se retirer de la Cour pénale internationale

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le 19 février 2019 à Jérusalem. (Photo d'illustration) - Ariel Schalit
L'annonce était attendue. Alors qu'elle accueille Benjamin Netanyahu, en visite sur son sol depuis ce jeudi 2 avril, la Hongrie a annoncé se retirer de la Cour pénale internationale. Le Premier ministre israélien est lui-même visé par un mandat d'arrêt de la CPI depuis le mois de novembre dernier.
"La Hongrie quitte la CPI. Le gouvernement va entamer la procédure de retrait, en accord avec le cadre international légal", a écrit sur Facebook Gergely Gulyas, directeur de cabinet du Premier ministre nationaliste Viktor Orban.
Budapest a dénoncé à plusieurs reprises une institution jugée "politiquement biaisée" et a décidé de franchir le pas dans le sillage de Donald Trump, qui a imposé en février des sanctions à la Cour pour ce qu'il a qualifié d'"actions illégitimes et sans fondement visant l'Amérique et notre proche allié Israël".
Un retrait ne prenant effet qu'au bout d'un an
Contactée par l'AFP, la Cour basée à La Haye (Pays-Bas) s'est refusée à tout commentaire. Le retrait d'un État ne prend effet qu'un an après le dépôt officiel du dossier auprès du secrétariat général de l'Onu.
Cette annonce intervient alors que Viktor Orban reçoit son homologue israélien, malgré le mandat d'arrêt émis en novembre 2024 par la CPI contre ce dernier.
Arrivé dans la nuit de mercredi à jeudi, Benjamin Netanyahu a été reçu jeudi matin avec les honneurs militaires. La Hongrie l'avait invité dès la nouvelle de la CPI connue, se disant "choqué par une décision honteuse". En retour, Israël a salué la "clarté morale" de la Hongrie.
La juridiction a rappelé "l'obligation légale" de Budapest et sa "responsabilité envers les autres États parties" pour exécuter les décisions.
"En cas d'inquiétudes sur leur coopération avec la Cour, les États peuvent la consulter", souligne son porte-parole Fadi El Abdallah. "Mais il ne leur appartient pas de déterminer unilatéralement le bien-fondé des décisions juridiques de la CPI".
Le Burundi et les Philippines ont déjà claqué la porte
La Hongrie a bien signé en 1999 le Statut de Rome, traité fondateur de la CPI, ratifié deux ans plus tard, au cours du premier mandat de Viktor Orban. Mais elle n'a pas validé la convention associée pour des raisons de constitutionnalité et affirme donc ne pas être obligée de se conformer aux décisions de la Cour internationale. À ce jour, seuls deux États ont claqué la porte: le Burundi et les Philippines.
Fondée en 2002, la Cour pénale internationale a pour mission de poursuivre les auteurs des crimes les plus graves commis dans le monde, lorsque les pays n'ont pas la volonté ou la capacité de le faire eux-mêmes. Elle compte aujourd'hui 125 États membres ayant ratifié le statut de Rome, son traité fondateur.
Le président russe Vladimir Poutine est pour sa part visé depuis mars 2023 par un mandat pour le crime de guerre présumé de déportation d'enfants ukrainiens vers la Russie. Sur les 60 mandats d'arrêt délivrés depuis 2002, seuls 21 avaient été exécutés, avant la récente arrestation de l'ancien président des Philippines, Rodrigo Duterte.