Prison endommagée, état-major décimé... Après la guerre contre Israël, la population iranienne peut-elle se soulever?

Une femme iranienne lors d'un rassemblement contre l'attaque américaine, à Téhéran le 22 juin 2025 - ATTA KENARE / AFP
La guerre avec Israël peut-elle renverser le régime en Iran? Entre les deux pays, en guerre depuis le 13 juin dernier, un fragile cessez-le-feu est entré en vigueur ce mardi 24 juin, après 12 jours d'un conflit aérien massif initié par l'État hébreu pour, entre autres, empêcher Téhéran de se doter de l'arme atomique.
Téhéran, qui dément et défend son droit à développer un programme nucléaire civil, a riposté en multipliant les tirs de missiles et de drones sur Israël. En Iran, la guerre a fait au moins 610 morts et plus de 4.700 blessés, selon un bilan officiel qui ne recense que les victimes civiles. Les tirs iraniens sur Israël ont fait 28 morts, selon les autorités.
Depuis le début de cette guerre, l'État hébreu a décapité le sommet de la hiérarchie militaire iranienne, en éliminant plusieurs hauts responsables, comme le chef d'état-major, Mohammad Bagheri et le chef des Gardiens, Hossein Salami.
L'armée israélienne a également visé la prison d'État Evin, où sont détenus des prisonniers et opposants politiques, mais aussi les deux Français Cécile Kohler et Jacques Paris, qui "n'auraient pas été touchés", selon la diplomatie française.
"Statu quo"
Mais à quel point le régime iranien, pilonné par Israël et les États-Unis, est-il affaibli? Pourrait-il céder sous une mobilisation de la population civile? "La guerre est plus ou moins terminée. Donc, il va falloir un partenaire pour discuter avec l'Iran. Or, ce partenaire, pour l'instant, reste le régime, car contrairement aux idées reçues, l'Iran n'a pas complètement perdu la guerre", explique à BFMTV.com Sébastien Regnault, chercheur en sciences sociales et spécialiste de l'Iran.
Entre les deux protagonistes, l'heure est selon lui au "statu quo", afin de "trouver des voies diplomatiques et parvenir à des solutions pour la stabilité de la région." Avec cette guerre, "l'Iran s'en sort relativement renforcé."
Selon le spécialiste, Israël, dont le gouvernement appelait la population iranienne à se soulever, "a fait une faute" en bombardant l'Iran. "Car en attaquant le régime, il a attaqué l'Iran. Et quand on attaque l'Iran, pour toute la société, quelle que soit son opinion sur le régime, il y a un resserrement de la population pour défendre l'Iran."
Les Iraniens "n'ont rien de particulier contre Israël, mais c'est quand même Israël qui les a attaqués. Et ce sont les gardiens de la Révolution qui les ont défendus, donc il y a aussi une part de reconnaissance", souligne Sébastien Regnault, rappelant que la situation s'était déjà produite "à l'époque de Saddam Hussein, quand il avait attaqué l'Iran (...) il y a eu un resserrement de la population pour se défendre contre l'ennemi extérieur."
"Obtenir plus de libertés"
Aux États-Unis, au premier plan du conflit, le sénateur trumpiste prônait un changement de régime en Iran, ce que semble finalement contredire Donald Trump. "Non je n'en veux pas. J'aimerais que tout se calme le plus rapidement possible", a assuré le président américain ce mardi auprès de journalistes. "Un changement de régime entraîne le chaos, et idéalement, nous ne voulons pas voir autant de chaos".
Avec l'affaiblissement du régime et dans une société où les réseaux sociaux et la presse sont contrôlés, ce que les Iraniens "doivent réussir à faire - et c'est tout l'enjeu des prochaines semaines - c'est de trouver des moyens d'amender le régime pour pouvoir obtenir plus de faveurs et plus de libertés."
Selon Sébastien Regnault, bien loin des ingérences internationales, "c'est aux Iraniens de dire de quel régime ils ont besoin et quels moyens ils peuvent trouver pour l'obtenir. Donc c'est un dialogue qui va s'engager."