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Iran

Les proches de Cécile Kohler et Jacques Paris, détenus en Iran, alertent sur l'"urgence vitale" de les libérer

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Cécile Kohler et Jacques Paris, détenus depuis plus de trois ans en Iran, ont pu s'entretenir au téléphone mardi 14 octobre. "Pour la première fois, ils nous ont expliqué sans équivoque être au bout de ce qu'ils pouvaient endurer", a témoigné l'une de leurs proches qui demande l'intervention urgente de la France.

"Urgence vitale" à intervenir. Après plus de trois de détention en Iran pour des accusations d'espionnage, Cécile Kohler et Jacques Paris ont confié leur désespoir ce mardi 14 octobre lors de leur dernier appel avec leurs proches depuis le lieu inconnu où ils sont incarcérés dans des conditions inhumaines.

Une conférence de presse de leurs proches et de leurs avocats s'est déroulée ce jeudi en fin de matinée à Paris pour alerter sur la détresse de ces deux enseignants arrêtés en 2022 alors qu'ils effectuaient un voyage touristique en Iran. Ils sont notamment accusés d'espionnage pour le Mossad, le renseignement extérieur israélien

Anne-Laure Paris a partagé des nouvelles de son père à l'isolement depuis pratiquement 120 jours. "Il ne peut sortir que trois fois par semaine dans une fosse d'où il peut apercevoir deux mètres carrés de ciel. Il n'a toujours pas d'accès à des livres, il n'arrive pas à dormir. Aujourd'hui, je parle de son épuisement, de son désespoir, de sa détresse et de sa colère, ce n'est plus possible", a résumé sa fille, appelant les autorités françaises à hâter la libération du couple. "C'est une urgence vitale, une question de jours. Il nous a dit qu'il regardait la mort en face", a-t-elle ajouté.

Les proches de Cécile Kohler sont tout autant alarmés par l'état de la professeure de lettres modernes. "Pour la première fois, de façon explicite, ils nous ont avertis sans équivoque être au bout de ce qu'ils pouvaient endurer, et que trois mois, deux mois, un mois, quelques semaines de plus, étaient au-delà de leurs forces", a déclaré Noémie Kohler, sa sœur.

Retrait de la plainte devant la Cour internationale de Justice

Le Quai d'Orsay, qui considère que le couple est "retenu comme otage d'État" en Iran, discute depuis avec la République islamique pour obtenir leur libération.

La France avait également déposé en mai dernier une requête contre Téhéran devant la Cour internationale de justice (CIJ). L'entourage des deux détenus a indiqué lors de cette conférence de presse que la requête avait été retirée.

"Nous avons été estomaqués le 25 septembre par l'annonce de la CIJ du déssaisissement par la France de plainte déposée alors que Cécile et Jacques sont arbitrairement détenus. Nous n'avons pas compris cette décision sauf à espérer que l'État français entende de cette manière privilégier la voie diplomatique pour obtenir leur libération imminente", s'est exprimée Karine Rivoallan, avocate des familles Kohler et Paris.

"Un simulacre de procès"

Les proches ont également tenu à réagir à l'annonce ce mardi par un média officiel du régime iranien de leur condamnation à de lourdes peines de prison pour espionnage. "Aujourd'hui nous faisons face à un simulacre de procès, et à un simulacre de verdict", a dénoncé Martin Pradel, avocat du couple.

Chirine Ardakani, avocate de la famille de Cécile Kohler a appelé la France à assurer "son devoir de protection" avec "une obligation de résultat" au vu de la détresse exprimée par le couple dont les conditions de détention n'ont eu de cesse de se dégrader.

Cécile Kohler et Jacques Paris ont été extraits de la prison d'Evin, lors de son bombardement par l'armée israélienne en juin dernier. Ils ne savent pas où ils ont été transportés et où ils sont retenus captifs.

"Désormais, ce n'est pas seulement une détention arbitraire dans des conditions assimilables à des traitements humains dégradants, sous usage de la torture, c'est maintenant un état de quasi disparition", a résumé Me Ardakani.

Florent Bascoul