En Irak, les femmes Yazidies, esclaves sexuelles de Daech

BFMTV a pu recueillie le témoignage de Yazidies rescapées des mains de Daech. - BFMTV
Les Yazidis sont victimes de multiples exactions des jihadistes de l'Etat islamique(EI), qui se sont emparés cette année de larges territoires dans le nord de l'Irak. Cette minorité kurdophone est considérée comme hérétique par le groupe extrémiste sunnite, qui utilise le viol comme arme de guerre.
"Elles sont des centaines, voire des milliers à être mariées de force, 'vendues' ou 'offertes' à des combattants, irakiens ou syriens, ou des sympathisants de l'EI", relate Amnesty International dans un rapport publié mardi. Les meurtres, tortures, viols et enlèvements commis par l'EI sur les Yazidis relèvent du nettoyage ethnique, affirme l'ONG.
"Nombre de ces esclaves sexuelles sont des enfants, des filles âgées de 14, 15 ans ou plus jeune encore", explique Donatella Rovera, une responsable d'Amnesty International, qui a interrogé plus de 40 ex-captives en Irak.
"Ils ont partagé les filles entres les émirs"
BFMTV a pu rencontrer l'une d'entre elles dans un camp de réfugiés à Dohuk, dans le Nord-Ouest de l'Irak. Le 3 août dernier, Hadia* a été capturée lors d'une grande rafle. Les femmes ont été rapidement séparées des hommes, elles ont été transportées à Mossoul vers un véritable marché aux esclaves.
"Arrivées à Mossoul il y avait le marché, ils nous ont vendu et ont partagé les filles entres les émirs", raconte cette adolescente de treize ans, qui a été violée et convertie de force.
Elle confesse avoir essayé de se suicider: "Mais à chaque fois que j'ai tenté, j'ai pensé à mes parents et je n'ai pas pu aller jusqu'au bout". De nombreuses Yazidies sont malheureusement passées à l'acte en se taillant les veines ou en se pendant.
Hadia, elle, a réussi à s'en sortir en s'échappant: "Les émirs étaient au combat. Les portes étaient fermées. Avec mon amie, nous nous sommes dit on ne peut rester ici plus longtemps. Nous avons pu casser le verrou de la porte et nous sommes parties".
"On a fait comme si on était folles"
Wahida* est elle aussi une ancienne prisonnière de Daech. "Chaque jour les hommes de Daech venaient et prenaient les femme de force. Ils faisaient leur marché. Ils vendaient les femmes. Un homme avait un bâton, il le mettait sous le menton en disant 'lève la tête et soulève ton foulard qu'on te voit'. Si la fille était belle il la prenait, sinon il la laissait", rapporte cette Yazidie.
A 35 ans et déjà mariée, elle intéressait moins les jihadistes, elle a malgré tout été emmenée dans une maison. Pour ne pas être agressée, elle a trouvé une solution: "On a fait comme si on était folles. On ne parlait pas. On ne se lavait pas. Et à chaque fois que les hommes de Daech entraient dans notre pièce, ils disaient 'pourquoi vous ne parlez pas? Pourquoi vous ne prenez pas de douche? C'est quoi cette mauvaise odeur?'".
Encore 3.500 esclaves
Wahida a elle aussi pu échapper aux mains de ses ravisseurs, aidée par des activistes. 250 femmes ont réussi à s'échapper, selon Khidher Domle, activiste yazidi qui leur vient en aide. Mais 3.500 seraient encore aux mains des Daech selon lui et il est de plus en plus difficile de les aider à s'échapper.
"Depuis plus d'un mois, Daech a fermé tous les réseaux téléphoniques à Mossoul, Raqqa, Sinjar, Tal Afar... Sans téléphone, nous ne pouvons pas les aider", déplore-t-il. Dans son combat, il demande à la communauté internationale de lui venir en aide.