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Moyen-Orient

Irak: ces Yazidis qui cachent leur religion

La survie des Yazidis dans le Moyen-Orient torturé

La survie des Yazidis dans le Moyen-Orient torturé - Ahmad Al-Rubaye - AFP

Au nombre de 800.000 aujourd'hui, les Yazidis seraient très nombreux à cacher leur religion, ce qui donne l'impression qu'ils ne sont que 500.000 voire 200.000.

Ils ont traversé des épisodes de persécution depuis plusieurs siècles, face aux poussées de fondamentalisme sunnite. Eux-mêmes ne sont connus pour aucune persécution, ont généralement évité l'enrôlement militaire sous les Ottomans et n'ont donc pas eu l'occasion de persécuter quiconque. Au nombre de 800.000 aujourd'hui, selon Karl Mund, spécialiste autodidacte allemand de ces Yazidis, ils seraient très nombreux à cacher leur religion, ce qui donne l'impression qu'ils ne sont que 500.000 voire 200.000.

Il vivent vers Alep en Syrie, et surtout à Mossoul et au nord de cette ville, dans le district de Ninive et le district de Dohuk. Dans le Caucase, ils sont quelque 120.000, issus d'exils du 19e et 20e siècles. Environ 70.000 vivent en Allemagne, leur principale patrie d'exil en Occident. 

Un répit durant l'invasion américaine

En Irak, leur situation est actuellement catastrophique, en dehors du Kurdistan autonome d'Irak où ils sont nombreux à s'être réfugiés. Déjà sous Saddam Hussein ils étaient brutalisés par le régime qui détruisait souvent leurs villages, car ils étaient soupçonnés de collaborer avec la résistance kurde anti-Saddam.

L'invasion américaine marqua un bref répit, puis en 2007 ils ont fait l'objet d'une série épouvantable d'attentats djihadistes au camion piégé qui tua 700 personnes. Voici que les mêmes djihadistes les ont repoussé de Mossoul ce juillet-août, qu'ils ont tous fuit car l'État islamique leur promettait la mort en tant qu' "adorateurs du diable".

L'intervention des Kurdes de Syrie

Repliés en catastrophe vers leur traditionnel bastion montagneux du Mont Sinjar, vers la frontière syrienne à l'ouest, où ils se sont réfugiés par le passé, ou encore dans leur temple de Lalich à l'est, non loin du Kurdistan irakien, ils sont très vulnérables et sont bien nombreux avoir péri lors de la fuite. Dans ces moments critiques, ils n'ont eu que les pechmergas -- miliciens du Kurdistan autonome d'Irak -- pour les protéger, bien maladroitement au début, un peu mieux aujourd'hui.

Les militaires américains, eux, n'ont pas jugé leur situation assez critique pour les évacuer en masse par hélicoptère — cette réaction américaine demeure mystérieuse. La vraie surprise des derniers jours: ceux qui les ont sauvé, ce sont les miliciens kurdes de Syrie, ceux du PYD, qui ont traversé la frontière et organisé leur fuite vers le Kurdistan de Syrie. 

Réduits à néant par l'Etat islamique

Il y a fort à parier que l'État islamique continuera à leur mener une chasse barbare. Leur méthode pour les Yazidis qui refusent de se convertir (sans que l'on sache ce qu'une telle conversion implique précisément): ils tuent les hommes, et souvent les femmes et les enfants. Décapitation, ou ensevelissement vivant. L'autre possibilité pour une femme est de devenir "l'épouse" -- l'esclave sexuelle -- d'un combattant terroriste. Surtout, leur sort n'est d'aucune importance, les minorités religieuses qui ne sont pas des gens du Livre n'ayant pas spécialement le droit de vivre.

Les Yazidis devraient avoir le privilège d'être mieux connus, avec leur religion plus vieille que le christianisme, en attendant que la civilisation revienne à leur coin du monde.

Harold Hyman