"La Russie a passé une étape dans l'escalade": Macron répond à BFMTV dans l'avion de retour de New York
Entre une allocution particulièrement belliqueuse de Vladimir Poutine à la télévision russe et les prises de parole à la tribune de l'Assemblée générale des Nations Unies, le conflit en Ukraine a connu une singulière accélération mercredi. Dans l'avion qui le ramenait de New York et du sommet onusien quelques heures plus tard, Emmanuel Macron a accordé un entretien exclusif à notre journaliste Ulysse Gosset.
Au micro de BFMTV, le chef de l'Etat a condamné "l'escalade" russe sur le front ukrainien, et rappelé la "ligne" française en la matière.
Macron condamne le "chantage" au nucléaire de Poutine
Tandis que Vladimir Poutine a annoncé une "mobilisation partielle" de la population russe, et donc l'enrolement de 300.000 réservistes, et envisagé tout haut l'emploi de l'arme atomique au cas où les "intérêts vitaux" de son pays seraient menacés, Emmanuel Macron a tenu en préambule à condamner les déclarations de l'autocrate. "La Russie a décidé de passer une étape dans l’escalade", a regretté le Président.
Tâchant à la fois de prendre au sérieux le discours de son homologue russe et de ne pas le prendre au mot, Emmanuel Macron a fustigé la volonté exprimée par Vladimir Poutine d'employer le cas échéant "toutes les armes" - dont l'arme nucléaire - de l'arsenal de ses troupes.
"De manière évidente, c’est du chantage et de manière évidente il dispose de ces armes et le risque est toujours là. Mais c’est aussi un moyen de pression", a nuancé Emmanuel Macron.
"La Russie s’isole au plan diplomatique"
Le chef de l'Etat a expliqué le durcissement du ton adopté par le Kremlin par les difficultés militaires de la Russie sur le front, autant que par sa détresse économique et diplomatique.
"Il y a une contre-offensive par le sud et le nord qui a déstabilisé le front russe, c’est le premier élément. D’évidence, la situation économique russe est d’évidence plus complexe qu’on l’a dit, un rouble plus convertible, des chaînes de valeur qui s’effondrent car des entreprises quittent le territoire, et des partenaires qui ne l'aident pas autant que prévu. Et troisième chose, la Russie s’isole au plan diplomatique", a retracé Emmanuel Macron.
Pour Macron, ça ne "finira qu'autour d'une table"
Le chef de l'Etat a alors fixé "la ligne" française dans ce contexte si tendu: "Nous ne sommes pas en guerre avec la Russie, mais il nous faut aider l’Ukraine et convaincre les autres pays de nous suivre pour accroître la pression sur la Russie".
Car pour le président de la République, la sortie de crise se situe invite à prendre le chemin de dialogues multilatéraux: "La Russie est très clairement sous pression mais nous devons nous mettre en situation de restaurer un dialogue. Nous ne sommes pas dans l'impasse. (...) Ça ne finira qu'autour d'une table! On ne peut pas céder à un emballement".
"Il nous faut nous mettre en position de restaurer les conditions d’un dialogue pour la paix", a encore martelé le président français qui a toutefois souligné que celle-ci ne se ferait pas à n'importe quel prix. Il a indiqué que la paix devrait au moins garantir "les lignes de février" - c'est-à-dire les frontières en vigueur avant l'invasion du 24 février - et donc "l'intégrité nationale" de l'Ukraine avant le conflit.
