"Je voulais mourir pour que ça s'arrête": un ancien prisonnier de Daesh raconte son calvaire

La soldatesque de Daesh, acculé dans un ultime réduit syrien, à Baghouz, perdra probablement sous peu les dernières pouces de terrain qu'elle contrôle encore. Mais cette défaite territoriale ne signifie pas pour autant la fin de l'organisation.
Pour Alan Hassan, ancien combattant kurde, habitant du côté de Qamichli, ville syrienne jouxtant la frontière avec la Turquie, Daesh n'appartiendra de toute façon jamais au passé. Le souvenir de son calvaire reste en effet bien vivace dans son esprit. L'homme, de 25 ans, qui gagne désormais sa vie en nettoyant des véhicules au jet, a été le prisonnier des jihadistes pendant deux ans. Il a raconté la terreur de son quotidien d'alors devant nos caméras.
"Je voulais mourir pour que ça s'arrête"
En 2014, il se trouvait sur le front, à Tal Brak, dans le Kurdistan syrien, aux prises avec les jihadistes, lorsqu'il a été capturé par ceux-ci. Transporté de ville en ville au gré des succès initiaux de ses geôliers, il est soumis à une torture systématique. Elle est d'abord physique: "Ils m’ont torturé par électrocution jusqu’à ce que mon corps devienne tout noir. Aussi noir que mon pull. Chaque minute, je me disais qu’ils allaient me couper la tête ou me brûler vif. Ils me frappaient, me frappaient, me frappaient tous les jours. Je voulais mourir pour que ça s’arrête."
Elle est encore psychologique: "On avait une télé. Ils nous mettaient des vidéos d’exécution d’autres prisonniers et nous obligeaient à les regarder se faire décapiter. Sinon, ils nous frappaient encore". Les deux types de sévices se sont confondus le jour où les jihadistes l'ont enrôlé de force dans une effroyable comédie: "Un jour ils m’ont mis l’uniforme orange des condamnés à mort. Ils m’ont fait attendre 45 jours. Puis, ils m’ont emmené dans le désert, avec trois jihadistes derrière moi. Ils m’ont aspergé d’essence. Mais finalement, ils m’ont ramené en cellule".
"Je n'y arrivais plus"
Alan Hassan a recouvré la liberté en 2016 à la faveur d'un échange de prisonniers entre kurdes et jihadistes. Aujourd'hui, la guerre semble derrière lui. "Quand j’ai été libéré, je suis redevenu combattant YPG, l’unité de protection du peuple syrien, pendant six mois, mais je n’y arrivais plus, alors je suis retourné à la vie civile", a-t-il expliqué.