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Syrie: les Kurdes exhortent les Européens à "ne pas les lâcher" une fois Daesh vaincu

Des combattants de l'alliance arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS) se reposent, à Baghouz

Des combattants de l'alliance arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS) se reposent, à Baghouz - Delil souleiman / AFP

L'alliance des Forces démocratiques syriennes (FDS), dominée par une milice kurde, s'apprête à proclamer la victoire sur Daesh. Pourtant, les kurdes apparaissent plus fragiles que jamais alors que la Turquie multiplie les menaces d'intervention.

Les Kurdes syriens exhortent les Européens à ne pas les abandonner une fois Daesh vaincu. Ils les appellent à contribuer à la création d'une force internationale dans le nord-est syrien, qui les protégerait face à la Turquie.

"Ces pays ont des engagements politiques et moraux (...) S'ils ne les tiennent pas, ils nous lâchent", a averti un haut responsable kurde syrien, Aldar Khalil, dans une interview à l'Agence France-Presse (AFP) dimanche soir.

Plus fragiles que jamais

Il s'est en particulier adressé à la France. En tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, il l'a invité à oeuvrer en faveur du déploiement d'une force internationale une fois les troupes américaines parties de Syrie.

"La France peut faire une proposition au Conseil de sécurité pour notre protection: elle peut proposer une force internationale entre nous et les Turcs, dont elle fasse partie, ou protéger notre ciel", a suggéré Aldar Khalil.

La milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) domine l'alliance arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS), qui s'apprête à proclamer la victoire sur Daesh. Du fait du retrait des troupes américaines annoncé par le président Donald Trump, elle apparaît pourtant plus fragile que jamais.

"Si les pays européens, les Etats-Unis ne font rien, on sera obligé de s'entendre avec le régime (syrien)"

Depuis l'annonce, en décembre, du prochain départ des 2000 soldats américains déployés dans les zones sous contrôle kurde, dans le nord-est de la Syrie, Ankara multiplie en effet les menaces d'intervention. Elle considère les YPG comme la branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui livre une sanglante guérilla à l'Etat truc depuis 1984.

"Si les pays européens, les Etats-Unis ne font rien, on sera obligé de s'entendre avec le régime (syrien) pour qu'il envoie ses forces militaires sur les frontières et les protège", a averti le responsable de l'administration semi-autonome mise en place par les Kurdes depuis le début du conflit syrien, en 2011.

Les FDS assiègent les jihadistes dans un ultime réduit d'un demi-kilomètre carré à Baghouz, près de la frontière irakienne. Elles sont soutenues dans leur offensive par une coalition internationale sous commandement américain, qui leur fournit un puissant appui aérien mais ne compte que quelques forces spéciales au sol.

Clémentine Piriou avec AFP