Ukraine: le procureur général démissionne après des accusations de corruption

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky arrive pour assister au sommet de la Communauté politique européenne au palais des congrès de Grenade, dans le sud de l'Espagne, le 5 octobre 2023. - THOMAS COEX / AFP
Les affaires de corruption reviennent régulièrement en Ukraine, particulièrement depuis le début de l'invasion russe, en février 2022. Le procureur général d'Ukraine, Andriï Kostine, a présenté ce mardi 22 octobre sa démission après qu'une enquête des services de sécurité a révélé un système de corruption à grande échelle qui aurait permis à des responsables de son administration d'éviter l'enrôlement dans l'armée.
La mobilisation militaire est un sujet houleux en Ukraine, critiquée du fait des scandales de corruption et d'un système jugé injuste par de nombreux Ukrainiens, alors que l'armée peine à regarnir ses rangs après deux ans et demi d'invasion russe.
"Beaucoup de faits d'abus honteux ont été découverts" au sein du parquet en Ukraine, a écrit Andriï Kostine. "Dans cette situation, je considère qu'il est juste d'annoncer ma démission".
Les cas de corruption ne manquent pas
Dans la foulée, le président Volodymyr Zelensky, qui a participé à une réunion du Conseil de sécurité nationale sur cette question, a déclaré que "le système des commissions d'experts médicaux et sociaux devrait être supprimé".
Selon lui, "il existe des centaines de cas d'invalidité manifestement injustifiés" parmi les fonctionnaires des douanes, des impôts ou des administrations locales. L'enquête des services de sécurité (SBU) a également fait état de responsables de "différents organes étatiques" ayant déclaré des "handicaps fictifs" afin d'éviter d'être mobilisés dans l'armée. Volodymyr Zelensky a estimé que des "responsabilités personnelles" étaient engagées, citant notamment celles du procureur général.
Ces annonces interviennent après une série de scandales de corruption ayant impliqué des responsables chargés de la mobilisation militaire. Les services de sécurité avaient déclaré dans un communiqué ce mardi avoir découvert un système de corruption "à grande échelle". En 2024, 64 responsables ont été soupçonnés de ces crimes et neuf autres ont été reconnus coupables, selon le SBU.
Environ 4.100 certificats de handicap ont été annulés car ils reposaient sur de "faux documents", ont expliqué ces services. Début octobre, les autorités ukrainiennes avaient annoncé avoir saisi l'équivalent de près de cinq millions d'euros en espèces chez la cheffe d'une commission médicale régionale. D'autres cas similaires ont ensuite été découverts.
Des médias affirment que plus de 50 procureurs de la région de Khmelnytsky (ouest) ont obtenu le statut d'invalide grâce aux services de cette responsable, ce qui leur a permis de toucher des pensions très élevées. En 2023, Zelensky avait déjà décidé de limoger la totalité des responsables régionaux chargés de l'enrôlement militaire pour déraciner la corruption régnant dans leurs services.
Souffrant d'une corruption endémique depuis la chute de l'Union soviétique, l'Ukraine s'est engagée à intensifier sa lutte contre ces pratiques dans le cadre de ses efforts en vue d'entrer dans l'Union européenne. Mais plusieurs grosses affaires ont éclaté depuis le début de l'invasion russe, y compris au sein du ministère de la Défense et de l'armée, qui ont conduit au limogeage et à l'arrestation de hauts fonctionnaires.