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Ukraine

Guerre en Ukraine: les détails de l'accord négocié par Kiev, Moscou et Washington

Un soldat ukrainien manipule une arme antiaérienne sur un navire des gardes-côtes en mer Noire, le 18 décembre 2023

Un soldat ukrainien manipule une arme antiaérienne sur un navire des gardes-côtes en mer Noire, le 18 décembre 2023 - Anatolii Stepanov / AFP

Kiev, Moscou et Washington se sont notamment accordés ce mardi sur une cessation des hostilités en mer Noire afin "de garantir une navigation sûre".

Après plusieurs heures de négociations ces derniers jours en Arabie Saoudite, l'Ukraine, les États-Unis et la Russie se sont mis d'accord ce mardi 25 mars pour cesser les hostilités en mer Noire. Les trois pays "ont convenu de garantir une navigation sûre, d’éliminer le recours à la force et d’empêcher l’utilisation de navires commerciaux à des fins militaires dans la mer Noire", selon un communiqué de la Maison Blanche.

Sur le terrain maritime, l'Ukraine a porté des coups critiques à la Russie ces trois dernières années. En avril 2022, les forces de Kiev avaient réussi à couler le croiseur Moskva, un navrie amiral de la flotte du Kremlin. Les frappes ukrainiennes ont contraint le Kremlin à déplacer de nombreux navires des ports de la mer Noire.

"Les images satellites montrent que les forces russes ont récemment déplacé les frégates Amiral Makarov et Amiral Essen, trois sous-marins diesel, cinq navires de débarquement et plusieurs petits navires lance-missiles", indiquait en octobre 2023 le think-tank américain Institute for the Study of War.

Mais le transit de navires de guerre vers la mer Noire est impossible depuis les premiers jours de l'invasion. Constatant l'état de guerre, Istanbul avait fermé les détroits du Bosphore et des Dardannes, qui relient la mer Méditerrannée à la mer Noire, aux bâtiments militaires de l'Ukraine et de la Russie, sauf à ceux qui regagnent leur port d'attache.

"Des mesures" pour cesser les frappes sur les infrastructures énergétiques

Autre point abordé dans l'accord, la libération des prisonniers. Les États-Unis s'engagent, en ce qui concerne l'Ukraine, à "soutenir les efforts en vue d'échanges de prisonniers, de la libération de civils et du retour d'enfants ukrainiens déplacés de force." Le 21 mars dernier, Volodymyr Zelensky avait annoncé que son pays "considère la libération des prisonniers comme l'une des premières étapes", se disant "convaincu que cela doit absolument se produire".

Concernant une cessation des frappes sur les sites énergétiques en Ukraine et en Russie, les trois pays "ont convenu d'élaborer des mesures" pour réellement "mettre en œuvre l'accord" trouvé ces derniers jours. Le 18 mars dernier, la Russie avait affirmé avoir accepté de cesser les frappes sur les infrastructures énergétiques en Ukraine pendant 30 jours. Selon le Kremlin, Vladimir Poutine aurait "immédiatement" ordonné la mise en œuvre de cette demande.

Ces mots n'ont pas marqué la fin des attaques contre les infrastructures énergétiques. Par exemple, la station de mesure de gaz de Soudja, occupée par les forces ukrainiennes depuis l'été 2024 dans la région russe frontalière de Koursk, a été touchée le 21 mars. Les deux parties se sont renvoyé la responsabilité de cette action.

La présidence américaine a aussi indiqué qu'elle "aidera à rétablir l'accès de la Russie au marché mondial des exportations de produits agricoles et d'engrais", notamment en "réduisant les coûts d'assurance maritime" et en "améliorant l'accès aux ports et aux systèmes de paiement pour ces transactions". Depuis plus de trois ans, la Russie est la cible de nombreuses sanctions économiques, certaines visant le secteur agricole.

Le Kremlin a surtout souligné que les accords annoncés par la Maison Blanche, entreraient en vigueur uniquement "après" la levée de nombreuses sanctions, en particulier de celles imposées à sa grande banque agricole Rosselkhozbank, à certains "producteurs et exportateurs de denrées alimentaires (...) et d'engrais", ainsi que celles visant des "compagnies d'assurances sur les cargaisons".

De son côté, le président de l'Ukraine a rappelé ce mardi qu'il s'oppose à tout "affaiblissement" de sanctions contre Moscou.

D'autres négociations à venir

Tout cela sera-t-il réellement mis en œuvre? Volodymyr Zelensky a promis que ce sera le cas, saluant de "bonnes mesures". Mais Kiev a d'ores et déjà prévenu que "tout mouvement" de navires de guerre russes en mer Noire constituera "une violation" de l'accord. "Dans ce cas, l'Ukraine aurait pleinement le droit d'exercer son droit de légitime défense", explique sur X le ministre de la Défense Rustem Umerov. L'Ukraine a aussi demandé des "consultations" pour s'accorder sur les "détails" de ces accords.

Ces accords ne marquent pas la fin des négociations, car d'autres "seront organisée entre les deux parties afin de trouver une issue pacifique" au conflit. Pendant les pourparlers, les États-Unis ont "répété que le président Donald Trump voulait impérativement mettre fin aux tueries de part et d'autre".

Une volonté répétée à maintes reprises par le dirigeant américain qui avait promis durant sa campagne qu'il mettrait un terme à cette guerre en 24 heures.

Matthieu Heyman