Guerre en Ukraine: une entreprise de Dardilly accusée d'avoir vendu des drones à la Russie jusqu'en 2022

Les forces spéciales russes auraient-elles détourné et utilisé des drones français? L'Observatoire des armements, fondé à Lyon, et nos confrères du Progrès, au travers d'une enquête publiée en février dernier, l'affirment: l'entreprise Elistair, basée à Dardilly, aurait vendu des drones filaires à la Russie via un détaillant.
"Sur la page d'accueil de leur site, on voit clairement qu'Elistair est partenaire de ce détaillant russe, Karneev. Et, un peu plus haut, on voit que parmi les clients de ce détaillant russe, il y a le FSB, les services de renseignement russe", montre ainsi sur son écran d'ordinateur Tony Fortin, chargé d'études à l'Observatoire de l'armement.
Les drones en question auraient ensuite été détournés puis utilisés par le FSB. Cette mention de partenariat, fausse et non autorisée selon Elistair, a depuis été retirée du site internet du détaillant.
Elistair dément la vente de drones
Dans ses recherches, l'Observatoire des armements a également pointé du doigt une vidéo du détaillant russe présentant le système proposé par Elistair, mais aussi une dépêche d'une agence de presse russe, TASS, qui ajoute encore un peu plus au doute: celle-ci indique que les forces spéciales russes utilisent des drones similaires à ceux vendus par l'entreprise de Dardilly.
D'après Tony Fortin, la dépêche de presse mentionne notamment des "spécifications techniques par rapport à ce drone filaire", évoquant par exemple "la longueur de la bobine" et "la puissance".
"Nous avons fait diverses vérifications, et effectivement ça correspond par rapport à la fiche technique du produit d'Elistair", dévoile le membre de l'Observatoire.
Même s'ils étaient initialement conçus pour des applications civiles, selon l'ONG spécialisée dans l'armement, les équipements d'Elistair pourraient être utilisés en terrain de guerre.
Contactée, la société Elistair indique avoir vendu uniquement des treuils électriques en Russie, qui permettent d’augmenter la durée de vol de drones.
"Ces équipements ne relèvent pas de la catégorie des biens à double usage, et leur exportation était autorisée dans le cadre légal en place jusqu’en 2022", assure la compagnie.
Dès février 2022, l'entreprise dit avoir mis fin à toute relation commerciale avec la Russie, en conformité avec l'embargo européen.