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Donald Trump estime que l'Ukraine "n'a aucune chance" de gagner la guerre sans attaquer la Russie

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Alors qu'il tente d'asseoir Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine à la table des négociations, Donald Trump a estimé ce jeudi 21 août que l'Ukraine ne peut pas gagner la guerre sans attaquer la Russie.

Un message abscons. Donald Trump, qui a mis les bouchées doubles ses derniers jours pour tenter de trouver une issue de paix à la guerre en Ukraine, s'est fendu d'un message au ton belliqueux ce jeudi 21 août sur son réseau fétiche Truth Social.

"Il est très difficile, voire impossible, de gagner une guerre sans attaquer le pays envahisseur. C'est comme une grande équipe sportive qui dispose d'une défense fantastique, mais qui n'est pas autorisée à jouer en attaque. Il n'y a aucune chance de gagner !", a déclaré le président américain.

Avant d'ajouter: "C'est la même chose avec l'Ukraine et la Russie. Joe Biden, malhonnête et grossièrement incompétent, n'a pas laissé l'Ukraine RIPOSTER, seulement SE DÉFENDRE".

"Qu'est-ce que l'on en conclut?"

Faire pression sur Moscou ou Kiev, marquer sa lassitude face à l'obstination du Kremlin ou envisager une réelle attaque ukrainienne en profondeur en Russie? Difficile de savoir qu'elle est la stratégie du milliardaire républicain derrière ce message, à compter qu'il y en ait une.

"Qu'est-ce que l'on en conclut?", s'interroge sur BFMTV Ulrich Bounat analyste géopolitique et chercheur associé au think thank Euro Créativ.

Une rencontre entre Poutine et Zelensky peut-elle aboutir à un accord de paix?
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"Est-ce que Donald Trump va fournir des armes de frappes longue distance et autoriser les Ukrainiens à frapper le territoire russe? C'est ça qui pourrait effectivement faire basculer les choses", souligne le chercheur. "S'il reste au stade de la menace (...) ça ne changera pas le calcul que Vladimir Poutine fait entre le coût de la guerre versus les conséquences qu'il pourrait en subir de la part des États-Unis", poursuit-il.

Ce n'est pas la première fois que le président américain émet l'idée d'une attaque ukrainienne en Russie. Selon le Financial Times, il aurait demandé à Volodymyr Zelensky lors d'un appel téléphonique en juillet dernier s'il pouvait "frapper" les villes de Moscou et Saint-Pétersbourg. "Absolument. Nous le pouvons si vous nous donnez les armes", avait alors répondu le dirigeant ukrainien.

La perspective d'un sommet Poutine-Zelensky s'éloigne

Ce message est d'autant plus énigmatique qu'il survient en pleine intensification des négociations de paix. Donald Trump, qui promet depuis sa campagne présidentielle l'an dernier de ramener la paix en Ukraine, veut réunir les présidents russe et ukrainien autour d'une même table.

Après sa rencontre avec Vladimir Poutine vendredi en Alaska, puis Volodymyr Zelensky, accompagné de plusieurs dirigeants européens lundi à la Maison Blanche, le président américain a dit préparer une rencontre bilatérale entre les chefs d'État russe et ukrainien, qui serait suivie d'un sommet à trois avec lui-même. Mais la participation des deux belligérants semble loin d'être acquise.

"À l'heure actuelle, les signaux envoyés par la Russie sont tout simplement indécents. Ils essaient de se soustraire à la nécessité d'organiser une réunion", a accusé Volodymyr Zelensky.

La Russie continue d'intensifier ses frappes sur l'Ukraine: 574 drones et 40 missiles russes ont été lancés dans la nuit de ce mercredi à jeudi. Une attaque record depuis la mi-juillet.

Le président ukrainien a aussi affirmé qu'une rencontre avec son homologue ne serait possible qu'après avoir déterminé les grandes lignes d'un accord avec les Occidentaux sur les garanties de sécurité pour l'Ukraine.

Mais Moscou rejette de son côté catégoriquement la plupart des scénarios envisagés, comme le déploiement d'un contingent militaire européen en Ukraine jugé "inacceptable". Le ministre russe des Affaires étrangères a, par ailleurs, indiqué mercredi que cette rencontre ne devait pas être précipitée pour qu'elle ne débouche pas sur une "détérioration de la situation". Sergueï Lavrov juge qu'une une telle rencontre doit être "préparée avec le plus grand soin".

Juliette Brossault