Cessez-le-feu, sanctions, territoires... Les enseignements après la rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine

Vladimir Poutine et Donald Trump en Alaska ce vendredi 15 août 2025. - KREMLIN PRESS OFFICE / ANADOLU / Anadolu via AFP
"Accord de paix" plutôt que cessez-le-feu en Ukraine, sanctions contre Moscou passées sous silence: les principaux résultats du sommet d'Anchorage entre Donald Trump et Vladimir Poutine émergeaient plus clairement ce samedi 16 août, au fil des déclarations officielles.
L'Ukraine et les Européens espéraient avoir convaincu Donald Trump, mercredi, d'obtenir de Vladimir Poutine un cessez-le-feu, plus de trois ans et demi après l'invasion de l'armée russe en Ukraine.
Pas d'accord de cessez-le-feu
Il n'en est rien. "Il a été jugé par tous que la meilleure façon de mettre fin à la guerre (...) est d'aller directement à un accord de paix, qui mettrait fin à la guerre, et non à un simple accord de cessez-le-feu, qui souvent ne tient pas," a déclaré Donald Trump sur son réseau Truth Social, une fois rentré à Washington.
C'est une victoire pour Vladimir Poutine, dont les troupes ont fait de récentes avancées à l'est de l'Ukraine. Le président russe exige depuis le début un "accord de paix" plus général, consacré selon lui aux "causes profondes" de la guerre, à commencer par la volonté de l'Ukraine d'adhérer à l'Otan. Moscou considère cette alliance militaire comme une menace existentielle qui s'étend à ses frontières.
Selon Kiev, l'armée russe a lancé 85 drones et un missile sur l'Ukraine pendant la nuit de vendredi à samedi, au moment du sommet. L'armée russe a revendiqué samedi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.
Des sanctions en suspens
Vendredi expirait un ultimatum fixé par les Etats-Unis à la Russie pour mettre fin à la guerre en Ukraine, sous peine de sanctions dites "secondaires", c'est-à-dire visant les pays qui se fournissent auprès de la Russie, en particulier en pétrole et en armes.
"Vu comme cela s'est passé aujourd'hui, je ne pense pas que je doive penser à cela maintenant", a finalement jugé le président américain, en réponse à une question de Fox News à l'issue du sommet.
Donald Trump a à sa disposition un dispositif législatif lui donnant "la capacité d'imposer des droits de douane de 500% sur n'importe quel pays qui aide la Russie et soutient la machine de guerre de Poutine", selon un des co-initiateurs de cette proposition, l'influent sénateur américain républicain Lindsey Graham. Donald Trump avait dit "étudier de très près" cette proposition.
Les dirigeants européens ont en revanche affirmé samedi qu'ils "continueront à renforcer les sanctions et les mesures économiques ciblées pour peser sur l'économie de guerre de la Russie, jusqu'à l'établissement d'une paix juste et durable".
Les questions territoriales non tranchées
C'était la grande crainte de l'Ukraine: un accord à Anchorage les poussant à une cession, de jure ou de facto, d'une partie de leurs territoires. Outre la Crimée annexée par la Russie dès 2014, l'armée russe occupe environ 20% du territoire ukrainien, dans quatre régions du sud et de l'est (Donetsk, Lougansk, Kherson, Zaporijjia).
Ni Vladimir Poutine ni Donald Trump n'ont évoqué directement ce sujet brûlant lors de leurs interventions devant la presse. Le président américain y a-t-il fait référence implicitement, quand il a assuré dans sa déclaration finale qu'il restait "très peu" de points à régler, et que "l'un d'entre eux est probablement le plus important"?
L'Ukraine, soutenue par les Européens, exige de telles garanties en cas d'arrêt des hostilités, pour éviter toute reprise de l'invasion russe, ce que Moscou refuse catégoriquement. Ce sujet n'a pas été évoqué directement par Trump et Poutine lors de leur déclaration finale.
Des garanties de sécurité
Mais dans son compte-rendu post-sommet au président ukrainien Volodymyr Zelensky et à plusieurs dirigeants européens, M. Trump a évoqué au profit de Kiev une garantie de sécurité similaire à celle de l'article 5 de l'Otan, en dehors toutefois du cadre de l'Alliance atlantique, selon deux sources ukrainiennes au fait du dossier.
Plusieurs pays européens, dont la France et la Grande-Bretagne, ont indiqué être prêts à contribuer à une force de "réassurance" stationnée en Ukraine, mais pas sur la ligne de front.
Donald Trump a confirmé qu'il recevrait Volodymyr Zelensky ce lundi à la Maison Blanche. "Si tout marche bien, nous programmerons alors une rencontre avec le président Poutine", a-t-il ajouté. Il avait auparavant estimé qu'un accord pour mettre fin à la guerre "dépendait vraiment du président" ukrainien.