Naufrage du ferry en Corée du Sud: la présidente s'excuse, en pleurs

La présidente de Corée du Sud, Park Geun-Hye, émue aux larmes lundi. - -
La présidente de la Corée du Sud a accepté lundi la pleine responsabilité du lourd bilan du naufrage du ferry en avril, reconnaissant que de nombreuses vies avaient été perdues du fait de l'incompétence des autorités. "En tant que présidente responsable de la vie et de la sécurité des Sud-Coréens, je présente mes excuses les plus sincères pour toutes les souffrances infligées à la population", a déclaré Park Geun-Hye dans un discours télévisé, les larmes aux yeux et en se prosternant à deux reprises, un geste de contrition.
La chef d'Etat, dont la cote de popularité a plongé depuis le naufrage du 16 avril, avait présenté à plusieurs reprises ses excuses mais c'est la première fois qu'elle assume la responsabilité directe du drame. Elle a également appelé ses concitoyens à aller de l'avant, après plus d'un mois de deuil. Le Premier ministre Chung Hong-Won, lui, a démissionné depuis le drame.
Trois cent deux personnes sont mortes ou disparues lorsque le Sewol, un ferry à quatre ponts, a sombré le 16 avril à 9 heures du matin près de la côte méridionale de la Corée du Sud. La majorité des victimes, quelque 280, étaient des lycéens en voyage scolaire, originaires du même établissement au sud de Séoul.
Des secours inefficaces
La présidente a souligné le fiasco de la réponse des garde-côtes après le naufrage, et reconnu les doléances des proches des victimes, qui affirment que quantités de vies auraient pu être sauvées si les secours s'étaient montrés plus efficaces. Les activités relevant des garde-côtes en Corée du Sud seront désormais scindées: la partie enquête sera reprise par le corps de la police et la partie patrouilles maritimes confiée à un nouveau ministère de la Sécurité nationale.
Les familles des morts critiquent vertement la gestion de cette catastrophe par les autorités, et notamment les opérations de secours. Beaucoup pensent que des enfants ont pu survivre quelques heures, voire quelques jours, dans des poches d'air au sein du ferry immergé, mais sont morts faute d'avoir été repérés à temps.
La Corée découvre ses faiblesses
Les plongeurs ont mis plusieurs jours à entrer dans l'épave, freinés par une météo défavorable et de violents courants. L'un d'eux, âgé de 53 ans, est décédé il y a quelques jours, après avoir perdu connaissance à plus de 25 mètres de profondeur.
La plupart des membres de l'équipage ont survécu et sont vilipendés pour avoir abandonné le navire et ses passagers. D'autant que les consignes données pendant une quarantaine de minutes demandaient aux personnes de ne pas bouger de leur cabine. Lorsque le ferry a piqué du nez vers le fond, il était alors trop tard pour remonter les couloirs inclinés et glissants à cause de l'eau qui s'y engouffrait.
Le capitaine du Sewol et trois des membres d'équipage ont été inculpés d'homicide involontaire la semaine dernière. Depuis cette tragédie, la Corée s'interroge sur le miracle économique qui l'a propulsée en quelques décennies au rang de nation moderne et riche, à force de travail acharné. La population a découvert avec effroi que le bilan terrible de cette catastrophe était surtout le fait des hommes: régulations sur le transport maritime laxistes et peu respectées, formation insuffisante de l'équipage à une situation d'urgence, manque total de supervision de la part des autorités.