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VRAI - FAUX: les arguments de Donald Trump passés au crible

Une manifestation devant la Maison Blanche le 1er juin 2017 après la décision de Donald Trump de se retirer de l'accord de Paris

Une manifestation devant la Maison Blanche le 1er juin 2017 après la décision de Donald Trump de se retirer de l'accord de Paris - Paul J. Richards-AFP

Donald Trump a mis en avant la défense des emplois américains mais aussi l'absence de preuve de la responsabilité de l'homme dans le changement climatique pour justifier sa sortie de l'accord de Paris. BFMTV.com revient sur le vrai du faux des arguments du président américain.

Donald Trump a annoncé jeudi une sortie des États-Unis de l'accord de Paris. Dans le cadre de cet accord sur le climat signé en novembre 2015 lors de la Cop21, Barack Obama s'était engagé à ce que la première puissance mondiale réduise ses émissions de gaz à effet de serre de 26 à 28% d'ici à 2025, par rapport aux taux de 2005.

"L'heure est venue de quitter l'accord de Paris", a lancé le président américain dans les jardins de la Maison Blanche. "J'ai été élu pour représenter les habitants de Pittsburgh, pas de Paris", a-t-il déclaré, mettant en avant la défense des emplois américains et dénonçant un accord "très injuste" pour son pays. Mais qu'en est-il réellement?

Sauvegarder les emplois américains: FAUX

Lors de son discours, le président américain a justifié sa décision par la sauvegarde des emplois américains. "Conformément aux conditions de l'accord de Paris, les lourdes restrictions énergétiques reposant sur les États-Unis détruiraient plus de 2,7 millions d'emplois d'ici 2025."

En réalité, si des emplois disparaissent avec la fin des énergies fossiles, d'autres sont créés grâce au développement de nouvelles énergies. Ainsi, en 2030, ce sont 60 millions d'emplois supplémentaires qui devraient être créés grâce à la transition écologique.

Un accord injuste: FAUX

  • Donald Trump a également dénoncé un accord injuste pour les États-Unis, le deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre derrière la Chine. "Les leaders mondiaux ont imposé des mesures qui n'ont aucun impact sur les plus gros pollueurs. La Chine par exemple aura le droit d'accroître ses émissions pendant 13 ans. Ils pourront faire ce qu'ils voudront. "

En Chine, les énergies fossiles sont en effet majoritaires et continuent de progresser. Mais depuis la signature de l'accord de Paris, le pays a pris l'engagement d'inverser cette tendance d'ici 2030.

L'homme pas responsable du changement climatique: FAUX

Enfin, pour Donald Trump, la responsabilité de l'homme dans le dérèglement climatique n'est pas fondée. "Même si l'accord de Paris était intégralement mis en place, en totale conformité de tous les pays, on estime que cela ne produirait une réduction que de 0,2 degré par rapport à la hausse prévue d'ici 2100."

C'est faux. Avant la Cop21, les experts estimaient que la température augmenterait de 4 à 5 degrés si rien n'était fait d'ici 2100. Mais si tous les pays signataires respectent leurs engagements, elle sera contenue entre 3 et 4 degrés.

Il cite le Mit... et se trompe

Donald Trump a obtenu ce chiffre, selon des documents de la Maison Blanche consultés par Reuters, d'une étude de l'Institut de technologie du Massachusetts (Mit), considérée comme l'une des meilleures universités au monde. Mais il s'est trompé et a mal compris les conclusions des scientifiques.

L'objectif de l'accord de Paris était de limiter le réchauffement climatique planétaire à moins de 2 degrés. L'étude du Mit, publiée en avril 2016, assurait que si tous les pays respectaient leurs engagements, le réchauffement climatique ralentirait de 0,6 à 1,1 degré en 2100.

"Nous ne soutenons certainement pas le retrait des États-Unis de l'accord de Paris", a tenu à rectifier un chercheur du Mit spécialiste du changement climatique et auteur de l'étude. "Si nous ne faisons rien, on pourrait aller jusqu'à 5 degrés ou même plus et ce serait catastrophique", a ajouté le directeur du programme de recherche sur le changement climatique, indiquant qu'aucun chercheur du Mit n'avait eu de contact avec la Maison Blanche.

Les États-Unis, pays propre: FAUX

Donald Trump a également prétendu que les "les États-Unis, sous l'administration Trump, continueront d'être le pays le plus propre et le plus respectueux de la planète". Pourtant, selon une projection de l'organisation Climate Interactive, jusqu'à 0,3 degré de réchauffement climatique pourrait être imputable aux États-Unis.

  • Un nouvel accord: c'est NON

Donald Trump a également annoncé souhaiter renégocier pour parvenir à "un accord juste".

"Je suis prêt à commencer immédiatement à travailler avec les dirigeants démocratiques pour soit négocier notre retour dans Paris sous des conditions qui soient justes pour les États-Unis et ses travailleurs, soit négocier un nouvel accord qui protège notre pays et ses contribuables."

Peine perdue, semble-t-il. Pour Emmanuel Macron, aucune renégociation n'est envisageable. Lors d'un échange "direct" de cinq minutes au téléphone, le président français a prévenu son homologue américain, selon l'Élysée, que si l'on "pouvait discuter", "rien n'était négociable dans les accords de Paris" sur le climat. "Les États-Unis et la France continueront à travailler ensemble mais pas sur le sujet du climat", a martelé Emmanuel Macron.

"Nous ne renégocierons pas un accord moins ambitieux, en aucun cas", a prévenu le chef de l'État Français lors d'une allocution télévisée solennelle depuis l'Élysée, appelant "l'ensemble des pays signataires" de l'accord de Paris "à demeurer dans le cadre" de cet accord, "à rester à la hauteur des responsabilités qui sont les nôtres et à ne rien céder".

Céline Hussonnois-Alaya avec Annabelle Rouleau