Macron face au Congrès américain: "C'est un honneur d'être reçu ici"

Emmanuel Macron face au Congrès américain, le 25 avril 2018. - Ludovic Marin - AFP
Cinquante-huit ans jour pour jour après le général de Gaulle, Emmanuel Macron s'est exprimé pendant cinquante minutes devant le Congrès américain, ce mercredi, au troisième et dernier jour de sa visite d'Etat aux Etats-Unis.
Accueilli par une standing ovation de trois minutes et des acclamations de la part des élus du Sénat et de la Chambre des représentants américains, le chef de l'Etat français a pris la parole à la tribune, pour un discours prononcé entièrement en anglais, après avoir été introduit par le speaker de la Chambre, Paul Ryan. Et en a profité pour adresser des messages subliminaux à Donald Trump, qui n'assistait pas à ce discours.
Célébration de l'histoire franco-américaine
"C'est un honneur pour la France, les Français, moi-même, d'être reçu ici, dans ce temple de la démocratie, où une partie de l'histoire des Etats-Unis s'est écrite", a salué Emmanuel Macron, avant de célébrer l'histoire de l'amitié franco-américaine.
"Nous sommes entourés de symboles qui montrent que la France a participé à l'Histoire de votre grand pays, dès son commencement. Nous avons combattu côte à côte dans de nombreuses batailles. (...) Nous avons une vision commune de l'humanité", a poursuivi le président de la République.
"Le miracle de la relation entre les Etats-Unis et la France est que nous n'avons jamais perdu ce lien précieux et particulier, qui s'inscrit dans notre Histoire et dans notre chaire. (...) Nos deux pays sont fondés sur les mêmes sols, les mêmes idéaux universels, de tolérance, de liberté, d'égalité des droits", -t-il encore estimé.
Une lutte commune contre le terrorisme
"Ce sont nos valeurs que les terroristes détestent", a rappelé Emmanuel Macron, évoquant les attaques ayant frappé les Etats-Unis et l'Europe depuis 2001.
"Ces dernières années nos pays ont connu des tragédies. (...) La France et les États-Unis ont été capables de construire des liens solides sur ces souvenirs pénibles. (...) Nous n'oublierons jamais ces victimes innocentes, ni l'endurance de nos concitoyens à la suite de ces événements. C'est un prix atroce à payer pour la liberté, la démocratie", a fait valoir Emmanuel Macron.
Avant d'ajouter: "C'est pourquoi nous sommes ensemble en Syrie et dans le Sahel, pour lutter contre ces groupes terroristes qui cherchent à détruire tout ce que nous représentons".
Appel à préserver le multilatéralisme
Emmanuel Macron a ensuite adressé un message subliminal à Donald Trump, qui n'assistait pas à ce discours au Congrès, sans toutefois le citer. A la tribune, le président français a en effet mis en garde contre la tentation du nationalisme et de l'isolationnisme, l'un des principaux thèmes de la campagne de Donald Trump, en 2016.
"Nous pourrions choisir le repli, le nationalisme. Cela peut être attrayant comme remède temporaire à nos peurs. Mais refermer la porte et maintenir le monde à l'extérieur de chez soi ne l'empêchera pas d'évoluer. (...) Personnellement, je ne partage pas cette fascination pour les hommes forts, les illusions du nationalisme", a fait valoir le président français, avant d'appeler les Etats-Unis à préserver le multilatéralisme et à le "réinventer".
"Ce multilatéralisme fort est la seule possibilité qui s'articule à nos nations, à nos identités, à nos cultures", a-t-il estimé.
"Il n'y a pas de planète alternative"
Face aux élus américains, le chef de l'Etat a ensuite choisi de mettre l'accent sur la nécessité de lutter contre le réchauffement climatique et pour la préservation de la planète, adressant là encore un message subliminal à son homologue, Donald Trump.
"Je crois à un avenir meilleur pour nos enfants, que nous pouvons leur offrir une planète encore habitable dans 25 ans. Certains considèrent qu'il est plus important de protéger les industries et les emplois actuels que de relever les défis du changement climatique. J'entends leurs inquiétudes, mais je crois qu'il nous faut trouver une transition douce vers une économie faiblement carbonée. (...) Il n'y a pas de planète alternative, reconnaissons-le", a martelé Emmanuel Macron, sous des applaudissements nourris de l'auditoire.
"Je suis sûr que les Etats-Unis reviendront dans l'Accord de Paris"
"Nous pouvons avoir des désaccords, ça peut arriver. Mais ce n'est qu'un petit problème à court terme. Nous aurons à traiter les mêmes réalités. Malgré ces inconvénients, nous devons travailler ensemble pour rendre à notre planète sa grandeur", a-t-il encore insisté, détournant ainsi le slogan de campagne de Donald Trump "Make America Great Again", qu'il avait déjà repris lorsque les Etats-Unis avaient annoncé leur sortie de l'Accord de Paris, en juin 2017.
"Je suis sûr qu'un jour les Etats-Unis reviendront et rejoindront l'Accord de Paris", a d'ailleurs souligné Emmanuel Macron à ce sujet, s'attirant une nouvel salve d'applaudissements, essentiellement venus des bancs démocrates.
Un "objectif clair" sur l'Iran
Enfin, Emmanuel Macron a achevé son discours sur le nucléaire iranien, sujet majeur de ses discussions bilatérales avec Donald Trump, mardi, sur lequel les deux hommes ont montré des désaccords, avant d'évoquer lors d'une conférence de presse l'idée d'un nouveau texte d'accord.
"L'Iran n'aura jamais d'arme nucléaire. Ni maintenant, ni dans cinq ans, ni dans dix ans. Jamais", a assuré Emmanuel Macron face à un Congrès debout pour l'ovationner. "Cette politique ne doit pas nous mener à la guerre au Moyen-Orient, nous devons garantir la stabilité, respecter la souveraineté des Etats, y compris celle de l'Iran", a-t-il toutefois nuancé, avant d'achever son discours en français: "Vive les Etats-Unis d'Amérique! Vive la République! Vive la France! Vive notre amitié".