Parti de l'Amérique: objectif, programme... Ce que l'on sait de la formation politique lancée par Elon Musk

Elon Musk pendant une conférence de presse avec le président américain Donald Trump dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 30 mai 2025. - Allison ROBBERT
Elon Musk fait son retour sur la scène politique américaine. Après avoir bruyamment quitté l'administration Trump pour se reconcentrer sur ses affaires, l'homme le plus riche du monde a annoncé samedi 5 juillet, son intention de lancer une nouvelle formation politique, le parti de l'Amérique.
• Par(t)i lancé sur X
Vendredi 4 juillet, jour de la fête nationale américaine, Elon Musk poste un sondage sur son réseau social X pour suggérer la création du parti de l'Amérique afin de déterminer si les répondants souhaitent "être indépendants du bipartisme" (certains diraient unipartisme) !"
Le lendemain, en se basant sur les résultats du sondage qui donne le "Oui" largement vainqueur avec près de 65,4% des votes, Musk annonce que "le parti de l'Amérique se forme aujourd'hui pour vous rendre votre liberté".
C'est loin d'être la première fois que le multimilliardaire procède de la sorte pour prendre des décisions. Quelques jours à peine après le rachat du réseau social en 2022, le multimilliardaire lançait ainsi un sondage sur le rétablissement du compte suspendu de Donald Trump. Ce dimanche 6 juillet, Musk consulte de nouveau ses followers pour lui suggérer la date et le lieu du congrès inaugural du parti.
• Un third party
Deux partis règnent sans partage sur la vie politique américaine: le parti démocrate et le parti républicain. Depuis 1852, tous les présidents américains élu sont issus soit de l'une soit de l'autre formation politique. Une conséquence du mode de scrutin américain, uninominal majoritaire à un tour. Le candidat arrivé en tête rafle tout, ce qui rend la victoire inaccessible aux petits partis.
Le "parti de l'Amérique" d'Elon Musk, en dehors de ces deux formations républicaines et démocrates, sera donc ce qu'on appelle un third party, un tiers parti. Il en existe déjà plusieurs, comme le Libertarian Party ou le Green Party.
• Dynamiter le bipartisme américain
Avec son parti politique, Elon Musk ambitionne de faire éclater la domination républicaine-démocrate, qu'il taxe non pas de bipartisme mais d'unipartisme.
"Lorsqu'il s'agit de ruiner notre pays par le gaspillage et la corruption, nous vivons dans un système à parti unique, et non dans une démocratie", affirme Musk sur X.
Le patron de Tesla et SpaceX a également confié sur son réseau social la manière dont il comptait parvenir à briser la mainmise sur les institutions américaines.
"Nous allons utiliser une variante de la manière dont Epaminondas a brisé le mythe de l'invincibilité spartiate à Leuctra: une force extrêmement concentrée à un endroit précis du champ de bataille. (...) Une façon d'y parvenir serait de se concentrer sur 2 ou 3 sièges du Sénat et 8 à 10 circonscriptions de la Chambre des représentants", affirme Elon Musk. Le parti de l'Amérique ambitionne donc non pas de rivaliser avec les deux géants républicains et démocrates dans les chambres, mais de représenter une force d'appoint sur laquelle ils devront compter.
• Au programme: dette, IA et liberté d'expression
Musk n'a pour le moment pas dévoilé de programme politique précis pour le parti de l'Amérique. Il a cependant laissé entrevoir ses priorités dans les réponses formulées sur X, montrant son enthousiasme et repartageant à plusieurs reprises des tweets proposant des politiques pour réduire la dette, pro-IA, ou encore natalistes. Des propositions qui semblent en tout cas coïncider avec les principales préoccupations de Musk.
• Brouille avec le président Trump
Initialement hostile à Donald Trump, Elon Musk avait fini par se rapprocher de l'actuel président républicain américain lors de sa dernière campagne en 2024, campagne qu'il a même généreusement financée. Au sein de l'administration Trump, Musk a été l'éphémère patron du Département de l'efficacité gouvernementale (DOGE), pour sabrer dans les dépenses de l'État fédéral, avant que son alliance avec Trump éclate de manière spectaculaire en mai. En cause, le projet de loi budgétaire défendu par le président américain, que Musk qualifiait "d'abomination répugnante" .
Son adoption mardi 1er juillet au Sénat a été l'occasion d'une nouvelle passe d'armes entre Musk et Trump.
"Nous vivons dans un pays au parti unique: le parti des cochons qui se goinfrent", a cinglé le patron de SpaceX et Tesla
Le président a ensuite contre-attaqué. À un journaliste qui lui demandait s'il envisageait d'expulser son ancien allié, lequel détient la nationalité américaine depuis 2002, Donald Trump a affirmé qu'il allait "examiner" cette option. "On pourrait mettre Doge sur Elon. Vous savez ce qu'est Doge? Doge est le monstre qui pourrait se retourner et croquer Elon", a également menacé le président américain.
• Musk ne pourra pas se présenter à la présidentielle
L'article deux de la constitution américaine prévoit que "Nul ne pourra être élu président s'il n'est citoyen de naissance". Né en 1971 à Pretoria, en Afrique du Sud, Elon Musk ne pourra donc pas se présenter à une future élection présidentielle aux États-Unis.